Extrait du journal

Le soleil de ce mois de juin a beau n'être pas bien ardent, on commence à prononcer par-ci par-là le mot de vacances, et nous le trouvons imprimé dans les « Informations » de plusieurs journaux. Il serait question de la séparation des Chambres tout dé suite après le 14 juillet; il se trouve même des gens pressés pour assurer que les représentants du pays n'attendront pas jusquelà. Nous ne voulons pas croire à ces nouvelles, parce que nous supposons que le gouvernement et les Chambres sont en état de se rendre compte des fâcheux effets que ne manquerait pas de produire une clôture prématurée de la session. Avant de songer aux vacances, il faudrait au moins avancer quelque peu l'œuvre législative si l'on ne veut pas que cette année 1882, après avoir excité tant d'espoir, reste une œuvre stérile. Sans parler de la réforme judiciaire qui est en suspens, combien d'autres questions devraient être résolues qui ne sont pas même étudiées, grâce à l'inactivité des commissions 1 Tout ce que la Chambre laissera d'inachevé quand elle partira en vacances se trouvera renvoyé à 1883, puisque, dans la session extraordinaire du mois de novembre, on ne pourra guère s'occuper d'autre chose que du budget au Palais-Bourbon et au Luxembourg. Ce seraitlàdéjàunegrande raison pour ne prendre que les vacances les plus courtes et les plus tardives qu'il sera possible. Mais, à un autre point de vue, il nous paraîtrait en outre extrêmement regrettable,, il nous paraîtrait incompréhensible que le Parlement ne tînt pas séance jusqu'à ce que toute complication extérieure fût écartée du côté de l'Orient. Sous notre régime républicain, la présence et le concours du Parlement, dans les circonstances difficiles, sont la garantie du pouvoir exécutif. Dans les pays d'institutions monarchiques, le gouvernement peut s'estimer plus libre quand les Chambres ne sont plus là pour le contrôler; chez nous, il ne serait que plus faible. Ce n'est que par le constant appui des Chambres que notre politique extérieure aura de la force et de l'autorité....