Extrait du journal

La construction et l'armement des navires sont rattachés par tant de liens, qu'il est fort difficile de les séparer ou qu'on n'y aboutit qu'à l'aide de dépenses bien supérieures aux économies qu'on pourrait réaliser par la spécialisation. Cela est très manifeste pour les navires construits par l'industrie à Bordeaux, au Havre ou à SaintNazaire. Quand on fait passer ces navires du chantier de construction au port d'armement, non seulement on est obligé à de grosses dépenses, parce qu'il faut expédier à une distance plus ou moins grande le matériel et les hommes nécessaires à ce premier voyage, mais encore on expose parfois le navire à des dangers sérieux. Le Requin, construit à Bordeaux et armé à Brest, m'en fournit un exemple remarquable. Non seulement le transport du matériel de premier armement coûta très cher, mais encore le Requin, arrêté par le mauvais temps à l'embouchure de la Gironde, y perdit une ancre et un bout de chaîne, et s'il avait été surpris par un coup de vent entre le Verdun et Br. st, dans l'état incomplet où il se trouvait, il aurait pu ne jamais rejoindre son port d'armement. En temps de guerre, il aurait dû rester inutile, quoique terminé, dans la Gironde....