Extrait du journal

Il y a, semble-t-il, quelque mélancolie dans le souvenir que donnait incidemment l'autre jour M. Léon Say, dans son discours sur la proposition Bovier - Lapierre, aux temps déjà un peu lointains où il connut la popularité, cette popularité que tant d'hommes se vantent de ne pas rechercher et de ne pas essayer de retenir, mais qui a pour tous tant de douceur et qui, après tout, vaut mieux que l'indifférence dans laquelle on affecte de la tenir, car elle est dans bien des cas la récompense de ser,vices rendus et la preuve d'un accord entre le pays et l'homme auquel elle s'adresse. C'est le cas pour M. Léon Say. Il y eut, dans notre histoire, un moment où l'accord exista entre la nation et lui. Ce fut lorsque, à l'Assemblée nationale, il suffisait du déplacement de quelques voix pour renverser la République de fait qui existait alors et pour lui substituer la monarchie et lorsque les monarchistes mettaient tout leur espoir dans la « conjonction des centre.;),. Cette combinaison, M. Léon Say qui présidait alors le centre gauche la repoussa et, le lendemain, il recevait, comme il le rappelle lui-même, « de tous les points de la France des adresses de félicitation signées d'hommes qui ne pensaient point comme lui, mais qui reconnaissaient qu'il avait rendu un grand service à laRépublique).,, et qui le reconnaissent encore, ainsi que M. Clémenceau a tenu à en témoigner en interrompant M. Léon Say....