Extrait du journal

L'hôtel de ville d'Alger m'a vu, une fois, la première et la dernière. J'avais à mon bras ma fille, vêtue de blanc et couronnée d'oranger. Le rouge de la honte me monte encore au front lorsque j'y songe. On nous introduisit, après la traversée d'un couloir sordide, bordé par une boutique propre à vendre des beignets à l'huile, dans un salon dont la Maison Teillier de la plus triste des sous-préfectures ne voudrait pas. Si pendant la cérémonie ma femme ne m'avait calmé à l'aide de quelques coups de pied amicaux dans les tibias, j'aurais fui ce mauvais lieu et dit à ma fille : « Mon enfant, ne restons pas plus longtemps ici. On nous a fait une blague. Nous ne sommes pas dans un hôtel de ville, mais dans un hôtel meublé de troisième ordre. AIlcns-nous-en. Allons nous faire marier à De!lys, par Paolo, dans sa gentille petite mairie, si coquette, si fra îche. »...