Extrait du journal

III Notre travail est succint ; l’œuvre que le ' syndicat se propose d’établir ne pourrait être totalement analysée que dans un ouvrage de longue haleine. Nous nous sommes contentés de placer ici quelques jalons pour en faire entrevoir toute l’importance. Qu’on ne l’oublie point ; — le syndicat est jeune et, quoique vigoureux, son développe ment demeure stationnaire par le fait des ou vriers que leur insouciance et leur incompré hensible hésitation tiennent èn dehors du con cours dont cette société a besoin pour prouver sa valeur et son incontestable prédomination sur les autres œuvres philanthropiques. Il n’atteindra son but qu’autant que le grou pement se fera autour de lui. Puisqu’il n’y a qu’avantages à répondre à ses appels, nous ne comprenons pas que l’on fasse la sourde oreille. Rien de l’égoïsme n’a place dans son pro gramme : Tous pour un, un pour tous ! — tel est son principe. Quand il sera unanime ment suivi, c’est-à-dire lorsque nous l’appuyerons tous avec foi, notre sort ne tardera pas à s’améliorer. Les ouvriers protégés par eux-mêmes, tranquilisés sur leur avenir, confiants en leur force, enfin, seront mieux à leur travail. N’i gnorant plus l’avantage du groupement, ils établiront entre eux une franche camaraderie, et la fraternité, moins vaine que celle que l’on dit exister, régnera dans l’atelier, l’usine et le bureau : l’ouvrier et l’employé habiles donne ront des conseils à leur voisin qu’un appren tissage défectueux ou incomplet rend médiocre. La solidarité étendra autour d’elle ses bienfaits. Aujourd’hui la confiance semble morte... elle n’est qu’emprisonnée sous le boisseau 1 L’ouvrier se méfie do son collègue autant que le patron et l’ouvrier se défient l’un de l’autre. Pourquoi ? Serait-ce plus logique dans l’un ou l’autre de ces cas ? Croyez-vous donc qu’il n'y est rien de mieux à faire ? De la méfiance jaillit la ruine. C’est une profonde erreur de croire que se méfier c’est se préserver ! Comparez donc ces deux termes — que la sagesse des nations (???) a unis — et ditesnous si le fait de les assimiler n’est pas une...