Extrait du journal
Fin de déjeuner — Encore un peu de chartreuse, ma tonte belle ? — C'est que... ce sera mon troisième petit verre, chère amie. — Laissez-vous donc faire l — Alors, deux doigts seulement... Allons l bon, vous versez à pleins bords ! — Pourquoi vous priver, si vous aimez ça? — C'est que vous m'avez si copieusement traitée! — Oh ! mon déjeuner était bien simple. — Si l'on peut dire !... Un menu délicieux : chère exquise, vins de premiers crus, chatte ries variées, bon café, liqueurs fines. — Je ne pouvais vraiment moins faire, en l'honneur du motif touchant qui nous réunis sait. — Le fait est que nous ne célébrons pas au jourd'hui n'importe quelle chose banale, comme les fêtes ou les anniversaires de nais sance. —Si j'ai voulu vous avoir à ma table, c'était pour remercier la Providence qui nous protégëa si heureusement, dimanche, à SaintMandé. — Et pour boire au salut bienheureux de deux santés qui nous sont chères. — Les nôtres ! — Ah ! ma toute belle, quelle émotion ! — Quand je pense au danger que nous avons couru!... — J'en suis encore toute remuée. — Et moi donc I je me sens une chair de petite poulette. — Ah ! bonne amie. — Pauvres nous ! (Ces deux dames lèvent les bras au ciel puis s'embrassent avec effu sion.) — Heureusement, nous étions dans les dames seules, un wagon qui n'a rien eu. — Sinon nous étions perdues... — T'es bête ! — Hein? — Mais, ma chère, il ne nous serait rien arrivé de toute façon, puisque l'accident a eu lieu parce que nous étions dans les dames seules. — On nous le réproche assez: les journaux nous traitent de bégueules... — De vieux laiderons... — De pimbêches.... — Tout ça, parce que nous n'avons pas voulu laisser monter des hommes dans le compartiment. * — Si nous évitons les hommes, ça ne re garde que nous. — Et c'est nous seules qu'il faut plaindre dans toute cette affaire. — Oui, à cause du saisissement que nous a causé cette grande secousse. — Quant aux autres victime^, je veux bien les plaindre aussi. — Moi pas. Est-ce que nous les. connaissons ? — (Avec un certain orgueil) C'est égal, ce n'est pas donné à tout le monde de faire mou- • rir tant de gens à la fois. — Hein !... Si l'on savait que c'est nous ! — Ça nous en ferait de la réclame ! — Malheureusement, la prudence nous oblige â garder l'anonyme. — Et nous, ne pouvons conserver que le souvenir de notre exploit... — Sans en avoir l'honneur !...
À propos
Fondé en 1884 par Aurélien Scholl et Valentin Simond, L’Écho de Paris était un grand quotidien catholique et conservateur. Il était sous la coupe financière du célèbre homme d'affaires Edmond Blanc, propriétaire notamment de plusieurs casinos et hôtels de luxe à Monte-Carlo.
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