Extrait du journal

Les vacances sont finies. Traînant sous un ciel de plombagine de lourdes volutes de fumée, les « trains de neige » ont ramené les skieurs du jour de l'An. Les yeux encore émerveillés de toute la blan cheur des cimes, ces amateurs des lon gues glissades reprenaient hier matin contact avec Paris, c'est-à-dire avec le labeur quotidien. Ce premier contact, ils l'appréhendaient un peu, là-bas, dans un air de cristal, l'infini des neiges et les sapins verts. Ici, les soucis que l'on retrouve et les pensers moroses. Us revenaient donc. Et voici que Paris s'était paré de son vêtement d'hiver le plus délicat. 11 les accueillait, non avec « son manteau de vent, de froidure et de pluie », mais dans le décor d'un conte d'hiver. La neige était tombée juste assez pour transformer le? jardins, les avenues et les quais en peintures à la gouache. Les toits ne retenaient pas la neige, mais elle saupoudrait les Tuileries, les ChampsElysées et le Bois. La chute de neige à peine finie, le so leil se montra dans un ciel bleu pâle de pastel. Soleil rose et doux qui allumait des reflets de vermeil sur les lacs glacés du Bois. La belle patinoire éveille déjà des espoirs dans le cœur de ceux qui ne peuvent pratiquer les sports d'hiver ail leurs qu'à Paris. Mais le froid n'a pas encore assez duré. Seuls patinent. sur le grand lac les canards et l«s cygnes, pro visoirement veufs de leur existence aqua tique* et les chiens qui, au mépris des écriteaux, par lesquels une Administra tion tutélaire interdit à quiconque de s'aventurer sur la glace, courent avec gaucherie après les reflets du soleil... Oui, Paris, hier, fut bien tel que pou vaient souhaiter de le retrouver, ceux qui partirent en congé. — R....