Extrait du journal

douteuse. On est tout disposé à penser que, même avec un peu moins de beauté, la maîtresse intelligente est bien préféra ble. L'immortel Boireau a répondu, lors qu'il a dit à une duchesse que ce qui lui faisait préférer les femmes du monde aux autres femmes, c'est que « lorsqu'on a fini de rire, on pèut causer ». Mais rien de ce qui touche à l'amour n'est simple et absolu. J'ai donc, sur le cas qui m'occupe, consulté ces hommes, parmi ceux qui, étant gens d'intelligence et d'esprit, sont les mieux en passe de savoir apprécier l'intelligence et l'esprit. Je les ai trouvés hésitants et d'avis divers, ce qui m'a permis de penser que la question valait au moins la peine d'être étudiée. Il ne saurait s'agir que d'une saaitresse et non d'une épouse, dans cette enquête de commodo et incommodo. La femme mariée est une associée plus directe que la maîtresse, dans la vie de l'homme. Elle a un rôle assez actif dans cette association pour qu'il soit désirable qu'elle y apporte une force d'intelligence. Elle préside, sur tout de notre temps, où les hommes sont presque toujours fort occupés, àl'éducation des enfants, tâche de plus en plus ardue, pour laquelle il faudrait quasiment du génie.De plus,elle prend rang dansle monde à côté de son mari, dont l'amour-propre, qui survit si souvent à l'amour dans le mariage, serait froissé par une femme qui ne serait décorative que par sa beauté. La beauté, d'ailleurs,passe, et la bêtise reste. Mais Ja maîtresse est dans d'autres condi-...