Extrait du journal

Education nationale 1 Le rôle de dénonciateur ne nous plaît guère, mais devant la carence totale des autorités responsables, c'est parfois un devoir pour le journaliste d'attirer l'at tention publique sur des ' faits scanda leux. C'est le cas, aujourd'hui. Qu'on, en juge : il y a au lycée de Nice un pro fesseur de lettres, M. S., qui depuis plu. sieurs années s'était fait remarquer par les propos singuliers qu'il tenait à s élèves. Des plaintes furent formulées par les familles. Aucun compte n'en fut tenu. Bien mieux, M. S. fut l'objet d'une pro motion, de la classe de sixième il est passé à la classe de quatrième. Enhardi par l'impunité, ce singulier professeur ne cherche même plus à faire sérieusement son cours. Et il explique en ces termes à ses élèves pourquoi il ne tient pas à les faire travailler : « Vous en saurez toujours trop ' pour faire - un mort dans la prochaine guerre ! » Ceci pour le point de vue pédagogi que. Du point de vue de la moralité le scandale, est -encore plus: intolérable. To talement oublieux du vieil ; adage « Maxima debetur puero reverentia », M. S- se sert.couramment en présence de ses élèves des mots les plus orduriers et n'hésite pas à faire allusion devant ces enfants à ses aventures galantes ! Mais il y a encore mieux : ce maître invraisemblable a institué on curieux système de rachat des punitions. Une retenue, par exemple, est tarifée cinq francs. A la fin. de la semaine, M. S. re cueille les pièces de cent sous des mains des élèves qui; ne veulent pas subir leurs punitions. Et il ajoute, avec; un sourire entendu : « Avec cet argent j'irai an. (ici an terme cru désignant: certaines maisons que la morale réprouve et que la police tolère). Ces faits sont patents. Leur matérialité peut être prouvée, sans aucune difficulté, Une :grève partielle des élèves a été dé clarée ; un certain nombre d'enfants ont été retirés du lycée par leur famille et placés dans un' établissement libre. Le corps enseignant, dans sa très grande majorité, est révolté. Le scandale est avéré, public. Mais les chefs de cet étrange pédagogue, qu'ontils fait pour mettre fin à une situation aussi pénible ? : Bien ! • Le proviseur, devant témoins, a ad mis les faits. Il s'est borné à ajouter qu'il était impuissant ! Les autorités académiques n'ont pas bronché. - Quant au Grand-Maître de l'Université nous aimons à croire qu'il ignore encore ce scandale, sans quoi son indifférence serait criminelle.. . Cet - étonnant professeur S-:ne se li vre à aucune manifestation politique extérieure. D'ailleurs: la politique n'est pour rien dans l'occurrence. n y a, à une chaire d'un lycée fran çais, :un fou ou un maniaque. Il s'agit tout simplement de l'empêcher de souil ler plus longtemps l'âme des enfants qui lui sont confiés. Cela ne doit pas être impossible. LE FRANC-PARLEUR....