Extrait du journal
que la révélation ne lui ait pas été plus nuisible qu'utile. La pâture intellectuelle que l'on sert au peuple est si frelatée qu'on en a faonte. Il semble que l'on abuse de la crédulité vénérable de ce grand enfant et l'impudence de ceux qui l'exploitent est l'une dès choses de cet âge qui indignent le plus lès honnêtes écrivains, respectueux de 1$. sainte langue française. Lorsque hier je le rencontrai. — Eh bien, Bilat, lui dis-je, qu'est-ce que vous en faites, le dimanche, de cette instruction gratuite et obligatoire? — Je voulais aller vous voir pour vous le dire, me répondit-il, car il y a du nou veau chez nous. J'achète des livres à pré sent, et je les comprends. J'ai même des livraisons de Victor Hugo à la maison. C'est un bien grand auteur. Il éteint tous les autres. Comment le sens critique était ainsi né à ce retardataire de l'instruction, voilà ce que je me montrai curieux de savoir par exemple. — Lisez-vous un petit journal d'un sou qui s'appelle La Bataille ? interrogea le charron. Non, vous ne le lisez pas. Il vous TUt des feuilles du grand format, à vous autres, et des organes du boulevard. Moi, je lis La Bataille, non point tant pour sa politique dont je suis mauvais juge, étant ouvrier, que pour ses articles de littéra ture. — Diable, fis-je. —11 y a, à cette Bataille, répartit le père Bilat, un" journaliste qui ne craint pas de nous initier, chaque lundi, aux productions de l'art littéraire, un écrivain qui ne nous méprise ni ne nous dédaigne, un poète, comme.vous et autant .gue vous, qui se donne la peine de faire notre édu cation et de . nous mener par degrés à la connaissance du beau. C'est un brave et un bon, à qui je dois, avec bien d'autres de ma caste, de pénétrer peu à peu dans les secrets de votre métier et de pouvoir en raisonner, comme un bourgeois éduqué et un bachelier. Il nous guide, il nous dirige. Il nous indique ce qu'il faut lire, ce qui vaut la peine d'être étudié, il nous forme et jamais besogne plus délicate n'a été remplie avec une droiture plus grande. — Quel est le nom de ce confrère ? — Il signe Camille Sainte-Croix. Je vous avertis qu'il est populaire et que nul d'entre vous ne peut se vanter de rayon ner ni d'influer sur un public plus nom breux et plus fidèle. Il a plus de six mille lecteurs. C'est une force de la démocratie actuelle. Il a fait ceci, monsieur, d'ap prendre au peuple à savoir lire I Depuis ce jour j'achète La Bataille et je déclare que le père Bilat a raison. Je peux lui prêter toute ma bibliothèque, et même Mallarmé. ÊM1LE BERGERAT....
À propos
Fondé en 1884 par Aurélien Scholl et Valentin Simond, L’Écho de Paris était un grand quotidien catholique et conservateur. Il était sous la coupe financière du célèbre homme d'affaires Edmond Blanc, propriétaire notamment de plusieurs casinos et hôtels de luxe à Monte-Carlo.
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