Extrait du journal
Il naquit, doux et solitaire, . A ces fleurs d'automne pareil, Qui, pour parer encor la terre, N'ont pas eu besoin de soleil. " Sans redouter les jours moroses Qui font mourir les autres fleurs, Il durera plus que les roses Aux douces, mais frêles couleurs, Et si, quelque jour, par caprice, Ton pied le foule, méprisé,v ' En même temps que son calice, Tu sentiras mon cœur brisé. C'est que l'hiver qui enclôt, sous la transparence des rideaux à peine argentés de lumières, nos tendresses,"fait celles-ci durables comme les fleurs de serre qui n'ont rien à craindre des injures de .l'a» verseet du capricedes vents. C'est le temps où les amoureux de ferveur réelle aiment le mieux. La volupté discrète des Thébaïdes à deux emplit leur âme monacale. C'est la saison d'aimer, pendant le jour, dans quelque chambra mystérieuse où la mélancolie du temps s'éclaire desgaîtés de l'âtre faisant vibrer sur lesformesdes clar tés de pourpre. C'est l'époque, des nudités triomphantes dans la tiédeur des alcôves lourdesduparfumdeschevelurèsdénouées. Frileuses d'abord,les caresses se sontbientôt échauffées au feu des âmes. Et quelles délices nous viennent de l'arôme des toi lettes éparses sur les meubles, où l'odeur fauve des fourrures est comme adoucie d'un relent de lilas blanc ou de verveine ! Le déshabillé,1 plus lent qu'en été, fait les tentations plus longues et les surprises plus nombreuses. Voici que, du brode quin moucheté par la descente de voiture, le pied jaillit, comme Tin lys renversé et s'enfonce dans les moiteurs du tapis, éburnéen et traversé de filets d'azur. Bien quele foyer pétille, c'est avec un frisson ex quis que les épaules se dégagent du corge aux plis épais où les chairs se sont comme recueillies. Ah ! quelle moisson de baisers le long des bras nus et sur les genoux que l'enveloppe ment pesant des jupes emprisonne en core 1 Oui, les amours d'hiver nous font égrener mille intimités délicieuses qui passent, trop rapides, dans les tendresses plus impatientes de l'été. L'hiver est la saison des gourmets en toutes choses, des gourmets de truffes et des gourmets de* baisers.. Le cours du sang,' moins impé tueux, s'y attarde à des dégustations plus recueillies ; un silence plus profond, fait du roulement des voitures dans la neige, emplit le ciel de lit qu'il reflète seul, im mobile et non pareil au firmament où cou rent les nuées. C'est le temps d'officier ses tendresses comme un prêtre dévot qui se sanctifie davantage à chaque grain du cha pelet. Jésais des amants.que l'hiver a faits et dont le printemps, ce conseiller volage, n'a pas dénoué les nœuds, dont les cœurs sont demeurés figés dans la même extase quand le soleil délivrait de leur manteau de glace les étangs et les ruisseaux. O polygames, mes frères, méfiez-vous! Pourquoi, d'ailleurs? Un repos très doux...
À propos
Fondé en 1884 par Aurélien Scholl et Valentin Simond, L’Écho de Paris était un grand quotidien catholique et conservateur. Il était sous la coupe financière du célèbre homme d'affaires Edmond Blanc, propriétaire notamment de plusieurs casinos et hôtels de luxe à Monte-Carlo.
En savoir plus Données de classification - henry bauër
- graindorge
- giton
- drumont
- virgile
- fasquelle
- gilberte
- marcel fouquier
- platon
- jean richepin
- paris
- l'amour
- egypte
- russie
- berlin
- malesherbes
- armancourt
- sibérie
- waddington
- venise
- la république
- faits divers
- i.n
- entre autres
- société des gens de lettres
- paris-courses
- union postale