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L’Écho de Paris, 26 juin 1936

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L’Écho de Paris
26 juin 1936


Extrait du journal

I.a gare Saint-JLazare est sans conteste la gare parisienne -par excellence. Si tuée en plein centre, s'ouvrant sur âes rues extrêmement animées, à deux pas de la place de l'Opéra et des boulevards, elle dessert la banlieue la plus peuplée 4es environs de Paris. C'est un fleuve humain qui y défile. Des milliers et des milliers de Parisiens s'y rendent chaque jour. Elle est pour eux comme une an nexe plus ou moins rapprochée de leur maison. Les trains qui en partent pour les gares-voisines ont leurs habitués qui se retrouvent sur les quais, prenant le même compartiment, et, sitôt installés, sortent un jeu de cartes, déploient un journal sur leurs genoux et font leur pe tite belotte. • Les autres gares sont loin de présenter la même animation. Les banlieues qu'elles desservent sont infi niment moins peuplées, et il ne s'y trouve pas, comme dans celle de la gare Saint-Lazare, de véritables villes plus Importantes que certains chefs-lieux de départements. Voilà ce qui explique les manifesta tions et les bagarres qui se - sont pro duites, ces jours-ci, dans la gare SaintLazare. En province, où on ignore ce qu'est réellement cette gare, on a dû en être estomaqué : « Se battre dans une gare! Il faut que ces Parisiens aient vraiment le diable au corps ! » Une gare, en province, c'est un endroit où on ne se rend pas tous les jours. Et quand on s'y rend, c'est toute une affaire. Il faut avoir fait de longs préparatifs,laissé mille recommandations à la mai son, embrassé sa famille. A la gare, on n'a souci que de son train. Ah ! ce n'est pas là qu'on ferait «'de- la politique; Qu'on parte ou qu'on arrive, la gare est un passage qui jouit d'un privilège de neutralité. On s'est peut-être battu, la veille, sur la place publique, mais à la gare on se tient tranquille, intimidé par la casquette du chef de gare, le guichet où l'on prend son billet, l'appel qui an nonce l'arrivée du train, les voyageurs qui vous bousculent. La gare est, enfin, le seul endroit ou le drapeau rouge est brandi sans soulever de protestation, où même aux communistes il ne fait pas chanter « l'Internationale ». La gare Saint-Lazare, c'est une place publique, avec pes boutiques diverses de marchands, son restaurant, son café, ses attractions. Bien d'étonnant donc qu'on s'y batte comme sur la place publique, à un moment où Paris a la fièvre, où les exhibitions du drapeau rouge et les manifestations révolutionnaires soulè vent l'indignation et les colères des pa triotes. LE FRANC-PARLEUR....

À propos

Fondé en 1884 par Aurélien Scholl et Valentin Simond, L’Écho de Paris était un grand quotidien catholique et conservateur. Il était sous la coupe financière du célèbre homme d'affaires Edmond Blanc, propriétaire notamment de plusieurs casinos et hôtels de luxe à Monte-Carlo.

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