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L'Écho de Rive-de-Gier, 6 mars 1932

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L'Écho de Rive-de-Gier
6 mars 1932


Extrait du journal

Un mois s’est écoulé depuis l’ou verture de la Conférence du dé sarmement. Les chefs de toutes les délégations ou peu s’en faut, ont éprouvé le besoin de faire con naître les vues du pays qu’ils re présentent et, durant de nombreu ses séances — interminablement — l’éloquence a coulé à pleins bords. L’épreuve a dû être rude pour ceux que leur position officielle a obligés à entendre au moins deux fois tous ces discours : ils sont, en effet, traduits de français en an glais ou d’anglais en français, S’ils sont prononcés en l’une de ces deux langues, mais ils sont traduits et en anglais et en fran çais —- c’est-à-dire entendus trou fois — s’ils sont prononcés en ume autre langue. Il y à progrès tout de même Ne vous hâtez pas de railler et de traiter la Société des Nations de Monde où l'on s'ennuie le plus ! On s’ennuyait plus encore dans les tranchées ! Il n’v a pas d’autre moyen d’empêcher la guerre que de rapprocher et de ré concilier les peuples. A Genève ils se rapprochent ; ils dialoguent à la face du monde ; les grands Etats n’y ont pas, en droit, une situation supérieure à celle des petits ; ils se reconnaissent tous égaux devant la justice et — de bonne ou de mauvaise foi — tous sont obligés d’admettre que le droit est au-dessus de la force et doit lui faire la loi. Qu’il y ait en dessous beaucoup d’intrigues, que plus d’un pays ait la tentation de mettre au ser vice de l’égoïsme national les beaux principes de morale dont il a la bouche pleine et qu’il suc combe à cette tentation, c’est *:e qui était à prévoir et ce qu’on a pu déjà plus d’une fois constater : il reste, et c’est malgré tout une grande nouveauté et un grand progrès qu’une assemblée inter nationale discute publiquement les problèmes les plus Irritants et les plus difficiles et que, dans cette assemblée, où tous les Etats sont théoriquement égaux, ce n’est plus dans l’équilibre des forces mais dans le respect du droit que l’on cherche les solutions. Le conflit du Japon et de la Chine est venu ajouter à la Con férence du désarmement un ar rière-plan angoissant et tragique, auquel on n’avait pas pensé. Allait-il frapper de paralysie la Société des Nations et, par rico chet, la Conférence, en montrant l’impuissance des interventions pacifiques quand deux Etats puis sants croient leurs intérêts vitaux engagés dans une querelle ?... On a pu le craindre ; disons plus : on le craint encore. Comment ne pas remarquer, ce pendant, que la Guerre n’est* pas déclarée et que le Japon — pas plus que la Chine — ne s’est re tiré de la Société des Nations en faisant claquer la porte ? Assurément le conflit est fort loin d’être réglé ; le canon tonne encore, les obus éclatent, les chars d’assaut roulent et des vies humaines, même de non combat tants, sont sacrifiées par centaines; la Guerre n’est pas déclarée, mais ce sont bien les horreurs de la Guerre 1 Si la Société des Nations n’eût pas existé, faute d’une organisa tion .. permanente réunissant les Etats et les obligeant à exposer et à justifier leurs griefs, l’irrépa rable eût été fait ; les Chinois et les Japonais, restés seuls les uns en face des autres, n’auraient plus voulu d’autre arbitre que la force. Au lieu de cela, en même temps qu’on se bat on négocie ; on jure qu’on ne veut pas rompre la paix, qu’on procède, un peu rudement, à des opérations de police. Et ces affirmations, il en faut convenir, ne sont pas conformes à la vé rité, mais elles engagent tout de même les Japonais qui les font ; ils mettent ainsi le doigt dans l’engrenage des négociations et de l’arbitrage ; on a sujet d’espérer que l’affreux cauchemar d’une guerre où la Chine, le Japon et peut-être la Russie auraient mis aux prises 500 millions d’hommes, pourra se dissiper et que le conflit se réglera sans dommage pour le prestige de la Société des Nations. S’il en est ainsi on pourra en augurer aussi un heureux dé nouement pour la Conférence du désarmement. Le dnel judiciaire des temps modernes Sans doute il ne faut pas comp ter sur un succès brillant et déci sif : les propositions à concilier sont trop divergentes, les intérêts trop opposés, les caractères natio naux trop divers pour qu’on abou tisse à autre chose qu’a ce qu’on appelle familièrement « une cote mal taillée ». Mais ce sera quand même un progrès dans la voie de la paix ; les nations resteront en contact ; elles auront condamné, par exemple, la guerre des gaz et le bombardement par avions des villes ouvertes et fixé la réduction proportionnelle que doivent subir les budgets de la guerre J ce sera...

À propos

Lancé en 1922, L'Écho de Rive-de-Gier était un journal hebdomadaire de la région auvergnate. Il proposait à son lectorat un compte rendu impartial de tout ce qui avait cours dans les communes de la Loire. Le journal disparut au mois d'août 1944.

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