Extrait du journal

Ü y a peu de jours nous avons trouvé un de nos camarades qui était en train d'écrire à son gosse. La lettre était fort longue déjà et notre ami ne cessait d’écrire. Il semblait avoir beaucoup et d’impor tantes et de délicates choses à dire à son petit et il semblait avoir une grande émo tion et une grande peine à les dire. Voici le cas d’un intérêt trop général hélas et qui mérite de retenir la plus sérieuse attention de nous tous, que nous a confié notre ami : Son gosse n’a pas encore quinze ans. Depuis le début de la mobilisation le papa est à Farinée et depuis très long temps au front. Le petit qui pi'était qu’un enfant devient un adolescent. Tous les dangers de cet âge le guettent et vont l’atteindre peut-être. La maman ne peut surveiller assez l’enfant et ne peut pas donner à son fils les conseils qu’il faudrait, l’avertir de dangers difficiles à expliquer pour la pudeur maternelle et dont le père d’habitude sait parler avec le tact et la tendresse qu’il faut lorsqu’il est dans sa famille. Donc l’enfant, dans ce cas. lui aussi un peu victime de la guerre, suivant les exemples d’aînés de mauvais conseil, s’est laissé entraîner dans des lieux où il est pitoyable de savoir que s’avilit la pureté de ses quinze ans. Si vous aviez lu la lettre que ce père a écrite à cet enfant vous auriez compris le drame douloureux qu’est cette chose dont certains souriraient peut-être. Mais il y a là une question d’intérêt général, une haute question de patrio tisme qui n’est pas autre chose que celle de la sauvegarde de la jeunesse française .de demain....