Extrait du journal

Mardi 1er Avril 1879. La lépublique devait ouvrir une ère de prospérité pour la France et réaliser l’œuvre de l’apaisement des esprits. Les républicains s’étaient posés en défenseurs du droit et en apôtres de la liberté. A les entendre, eux seuls étaient capables d’exercer le pouvoir sans arbi traire, de corriger les abus et d’alléger les charges des contribuables par de nombreuses économies. Que reste-t-il de tant de vaines promesses ? Jamais tin si grand malaise n’a pesé sur la France ! Le travail subit une crise sans précé dents; la division s’accentue de plus en plus entre les esprits. Il n’y a de droits et de liberté que pour ce qui porte l’étiquette républicaine. Loin de supprimer les abus, on les ressuscite en faveur des républicains, et les autres sont soumis à la loi des suspects. Au lieu de dimi nuer le nombre des places, on en crée chaque jour de nouvelles au profit des républicains. Et le budget des dépenses va toujours grossissant. Aujourd’hui, au nom de la liberté de con science, le ministre de l’instruction publique dépose un projet de loi contre la liberté de l’enseignement. Il prétend exclure du droit d’enseigner toute une catégorie de bons citoyens, qui n’ont d’autre tort que de prati quer le respect des lois de Dieu et de l’appren dre b leurs élèves. Peu importe b M. le ministre, représentant d’une école qui proclame bien haut la nécessité de l’instruction pour tous, si cette instruction est beaucoup mieux donnée par les congréga tions religieuses non reconnues que par l’Etat, il n’en veut pas. Ce qu’il veut, ce que veut son école, c’est avant tout un Etat sans Dieu. Pour cela , ils sont prêts b sacrifier a tout, même b l’ignorance ! Que sont pour eux la liberté de conscience, la liberté du père de famille, le droit des citoyens, b côté du droit qu’ils s’arrogent d’en seigner et d’imposer b tous le culte de la seule raison et l’amour de la république? Mais qu’ils y piennent garde, le résultat de leur odieuse campagne pourrait bien être contraire b leurs prévisions. Il y a encore en France un trèsgrand nombre de catholiques qui le sont autre ment que de nom. Beaucoup ont pu se laisser séduire par de fallacieuses promesses et aider b l’établissement de la république ; mais une fois le voile tombé de devant leurs yeux, ils se souviendront. Nous nous contenterons de rap peler qu’aux dernières élections générales, les républicains, en dépit de toutes leurs manœu vres, n’ont eu leur succès assuré que par une majorité d’une centaine de mille voix. Fides....