Extrait du journal

Hagnères-de-Bigorre. Samedi 5 Avril 1879. Les organes de la presse favorable au projet de M. Jules Ferry, ministre de l’instruction publique, contre la liberté de renseignement, sont unanimes b s’indigner de fintolérance des catholiques qui ne consentent pas à baiser, sans murmurer, la main qui veut les frapper. Ils trouvent mauvais que nous protestions contre une mesure qui menace nos intérêts les plus chers, en portant atteinte a notre liberté de conscience et a notre liberté de pères de famille. Pour justifier l’acte d’arbitraire dont le gouvernement veut frapper les congrégations religieuses, les journaux républicains invo quent d’anciens décrets de la monarchie. Nous ne nous arrêterons pas b ce que pe il avoir d’étrange l’emprunt que la république prétend faire à un régime qu’elle honnit et qu’elle a renversé. Sans doute notre histoire a h déplorer dans le passé d’injustes lois de proscription contre les jésuites, mais a qui doit-on les imputer? Personne n’ignore que l’œuvre révolution naire ne date ni d’aujourd’hui ni d’hier. Commencée avec la Réforme, elle a étendu ses ravages en France sous Voltaire et son école, et a progressé de plus en plus jusqu’à nos jours. C’est par l’influence de Mme de Pompadour, c’est à l’instigation de Voltaire son protégé et de toute cette école philosophique qui, au témoignage d’un contemporain , l’anglais Ho race Walpale, était composée d’hommes qui tendaient au renversement de toute religion et travaillaient à la destruction du pouvoir royal et de l’état social, que les jésuites furent ex pulsés de France, en 1762. — C’est encore le parti libéral révolutionnaire qui, en 1823, contraignit le malheureux roi Charles X, déjà chancelant sur son trône, à retirer aux jésuites le droit d’ouvrir des colleges. Mais, alors comme maintenant, les catholiques ont pro testé. Les révolutionnaires d’aujourd’hui se mon tent les dignes fils de leurs devanciers de 1762 et de 1828, en poursuivant leur guerre achar née contre l’Eglise. Aussi, les républicains qui prétendent que le projet de loi Ferry n’est pas le commencement d’une persécution ouverte contre les catholiques, se sont laissé tromper ou veulent nous tromper. Dans le premier cas, l’accord unanime de nos protestations leur dessillera les yeux ; dans le second, il fera justice de leur hypocrisie. Fides....