Extrait du journal

Jeudi 5 octobre ISoO. a<=> M. Neuville a continué jeudi cl dimanche le cours de scs représentations. Comme a son début sur notre scène, il a reçu du public le plus bienveillant et le plus sympathique accueil. Triste, vieux, navrant, fou de misère, de déses poir et de bonheur, dans Pauvre Jacques, Prêtée insaisissable dans la Famille improvisée, changeant, avec une admirable facilité, de vi sage, de ton, d’allure, de sexe même; ébourif fant dans Scrinct, plein de naturel et de vérité dans Boursicault, le merveilleux comédien a déployé dans ces rôles si divers, si contraires, si antipathiques, toutes les ressources de son rare et prestigieux talent. La soirée de dimanche, celte soirée de rires fous et de joviales excentricités, s’est terminée par la seconde représentation de la scène lyrique, dont la première apparition avait été saluée par les applaudissemens et les bravos de la salle entière. Retouché par une main habile qui a su y coudre une petite intrigue et y broder quel ques charmantes fleurs de poésie, le libretto, devenu tout à coup intéressant, a fourni à notre habile et ingénieux compatriote de nouveaux motifs et des inspirations pleines de grâce, de fraîcheur et d’originalité. On a peut-être moins applaudi que la première fois; mais en revanche on a mieux senti, mieux apprécié, mieux sa vouré celle musique simple et naturelle comme les mœurs qu’elle chante, grande et majes tueuse comme les montagnes qu’elle célèbre ! Mais la saison s’avance; la bise qui a déjà fait émigrer les hirondelles, a chassé les derniers hôtes qui nous restaient et qu’un peu d’azur et de soleil auraient peut-être retenus encore quel ques jours au pied de nos montagnes ; M. Hermant et sa troupe mélodieuse se disposent à imiter les hirondelles et les touristes ; ils sont au moment de nous faire leurs adieux. Mais ces...