Extrait du journal

Il y a un an, les candidats patronnés par les ministres du gouvernement personnel ne ralliaient que 4 millions de suffrages ; cette année, le ministre parlementaire du 2 janvier, consultant le pays sur l’acceptation des réfor mes libérales et la ratification du sénatus-consulte du 10 avril, recueille plus de 7 millions de oui. On voit que la conversion libérale qui devait aux yeux des politiques autoritaires per dre l’empire, l’a au contraire singulièrement fortifié. Nous pensons donc que l’Empereur ne trouvera plus personne autour de lui pour l’en gager a revenir sur des concessions qui ont pro duit un si magnifique résultat. La liberté pres que illimitée qui a régné en France depuis un an a produit un double résultat. D’une part, elle a satisfait les hommes qui, indifférents aux compétitions dynastiques et aux discussions stériles sur les diverses formes de gouvernement, combattaient l’empire non pas parce qu’il est une monarchie et que son chef est un Bonaparte, mais parce que c’était un gouvernement personnel et autoritaire. D’autre part, en permettant aux partis extrêmes de se livrer à toutes leurs extravagances, a toutes leurs folies, elle a permis d’établir cuire l’em pire devenu libéral et les amis de la république de droit divin une comparaison qui ne pouvait certes pas tourner à l’avantage de ces derniers. Il n’y aurait qu’un moyen de leur faire retrou ver un peu de popularité, ce serait de les empêcher de parler et d’écrire librement. Tant qu’ils pourront faire entendre dans leurs réu nions et dans les journaux un langage analogue à celui qu’ils ont tenu depuis un an, ils se ren dront de plus en plus ridicules ou odieux. Pour qu’ils devinssent redoutables, il faudrait qu’on leur imposât silence. Nous espérons qu’on aura la sagesse de n’en rien faire. f Débats.J...