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L’Écho des vallées, 18 février 1858

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L’Écho des vallées
18 février 1858


Extrait du journal

Nous avons à rendre compte hélas! de la représentation d’adieux : la comédie bourgeoise do celte année n’est déjà plus qu'un souvenir. Je ne ferai pas à MM. les amateurs grand reproche d’avoir réserve une pièce aussi triste, aussi dramatique que Elle esl Eulle, pour un soir de gaieté et d’extravagance, un soir de dimanche-gras. C’était hardi sans doute : mais le succès qui, pour parodier un mot célèbre, a plus d’esprit que tous les critiques du inonde, le succès est venu absoudre les coupables, si coupables il y avait, d’une façon trop éclatante pour que j’ose me permettre une protestation aussi injuste sans doute qu’isolée : j ai toujours eu peu de goût du reste pour le rôle de ces insulteurs antiques que l'histoire nous montre escortant jusqu’au Capitole le char des triom phateurs. MM. les artistes ont-ils voulu prouver dimanche que les extrêmes se louchent et que du rire aux larmes il n’y a qu’un pas? Je ne sais : mais dans ce cas, la démonstration serait complète. Car le public qui, tout épanoui des joies bruyantes du Carnaval, rêvait peut-être pour sa soirée un steeple-chase de lazzis ébouriffants, un sensdessus-dessous de costumes et de personnages drolatiques assaisonné d’une gaieté... de semaine grasse et de couplets souvent sans rime, toujours sans raison, le publie a d’abord bien été un peu surpris de se voir servir une pièce toute de pleurs, un véritable drame en deux actes : mais bientôt l’émotion l’a gagné, les rieurs sont passés avec armes et bagages du côté du sentiment, les mouchoirs ont été tirés... dès lors, la cause du drame était gagnée, on ne discute plus quand on pleure. L’honneur de ce grand succès de larmes re vient un peu à la pièce, beaucoup à Facteur principal, sir llarleigh. J’avais souvent vu jouer ce rôle difficile par de bons artistes de profes sion ; jamais, je le déclare, aussi bien que par notre amateur de dimanche. Impossible d’expri mer avec plus du vérité et d’angoisse les diverses phases de la folie, tantôt froide et résignée, puis tout d’un coup au moindre choc se réveillant terrible pour gronder en menaces cl en colères, toujours poursuivie par l’idée fixe qui l’a causée. L’œil hagard, les traits amaigris par la torture morale, la démarche incertaine, la voix rauque et stridente, oh! oui, c’était bien là sir llarleigh, le fou qui, se croyant trompé par sa femme, ose à peine s’avouer tout bas le fatal secret et, par une touchante erreur, prête à celle qu’il croit coupable mais qu’il aime encore, cette démence...
L’Écho des vallées (1836-1883)

À propos

L’Écho des vallées est un journal pyrénéen, qui a paru entre le 15 juillet 1836 et le 24 juin 1883. À cette date, il renvoie ses lecteurs vers une autre publication départementale, l’Avenir des Hautes-Pyrénées. Entre le 19 mars et le 15 août, à la suite de la Révolution de février, il prend le nom de Sentinelle du peuple. Peu de temps après la chute du Second Empire, il prend le sous-titre « Journal catholique conservateur des Hautes-Pyrénées ».

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Données de classification
  • havas
  • quant
  • france
  • pic
  • capitole