Extrait du journal

Au milieu de tous les événements qui se sont pro duits du l,r janvier jusqu’à ce jour, le procès Dumas et Maquet lient une assez large place, littérairement parlant. Débouté de ses prétentions, M. Maquet a obtenu des indemnités pécuniaires, mais rien de plus. Nous n’avons pas à nous prononcer sur la rhose jugée, nous extrairons seulement le sens de quelques para graphes des plaidoiries très honorables pour les hom mes (pii se livrent à la culture des lettres. Il a été dit enti autres que la littérature, quand elle n’est pas un art, est au moins une profession libérale ; que I homme de lettres appartient de droit et de fait à la partie la plus intelligente de la nation , qu’il remue les idées comme le banquier remue l’argent ; que les idées sont la richesse dans l’ordre moral, comme les pièces d’or sont la richesse dans l'ordre matériel, et qu’en définitive, ceux qui rient de la profession littéraire ne savent pas tout ce qu’il faut apprendre et oser, même pour être un écrivain médiocre... Ensuite, passant à la question brûlante de la collaboration, qui engendre parfois tant de tiraillements d'amourpropre où chacun veut avoir mieux fait en apportant pins ou moins de matériaux dans la confection. dite surtout historique, d’un ouvrage qui souvent n'em prunte à l’histoire que des noms et des dates ; il a été dit que, dans une collaboration, l’auteur en effet n’est pas celui qui collige des matériaux, c’est celui qui, les matériaux donnés, plane sur eux, fait I ordre là où était le rhaos, la lumière là où était l'obscurité, celui dont 1 imagination colore et harmo nise tout; il ne faut pas confondre l’auteur avec le collaborateur ordinaire. I. homme qui dégrossit le bloc de marbre n’est pas un statuaire. celui qui fait les fonds dans un tableau de Raphaël n'est pas Raphaël, celui qui prépare les pierres de l’édifice n'est pas l'architecte, etc......