Extrait du journal

La réduction de la rente annoncée par des indiscrétions de M. Ferry et mal démentie par les notes officieuses de M. Tirard, aussi obscur dans ses déclarations que dans ses calculs, a jeté l’émoi dans le public. Il n’est question de rien moins que de la confiscation du dixième des revenus pour les détenteurs du 5 0/0. Le procédé est d'une simplicité admirable. L’Eiat dit à ses créanciers : < Je vous dois , 5 0/0 d’intérêts ; je décide que, désormais, > je ne vous paierai que 4 1/2. Si cela vous > convient, j’en suis ravi ; si cela vous déplaît, > je n’en suis pis moins décidé à passer > outre. » Ainsi, les communes, les hôpitaux, les cais ses d’épargne qui, légalement, ont opéré leurs placements sur le 5 0/0, verront diminuer d’un dixième les rentes sur lesquelle? elles avaient le droit de compter. Il en sera de même pour les particuliers, et l’on conçoit le trouble profond apporté dans l’économie de la fortune publique. Après la douloureuse guerre de 1870, lors qu’on fit appel au crédit, la souscription aux emprunts fut déclarée, à juste titre, une sous cription patriotique. La République veut pré lever la dîme sur les valeurs mobilières Je toute la France, et l’on prétendait que depuis 1789 la dîme était abolie ! Bien au contraire, elle a singulièrement agrandi son domaine. Il s’agit aujourd’hui non plus de quelques poignées de blé, mais de sacs d’écus. Quelques journaux, très-rares, — essaient de justifier la mesure en alléguant qu’elle atteint surtout les farouches du gros capita lisme. D’abord , la nature du créancier ne dégage pas de la dette; en outre, il faut être d une extrême ignorance en matière financière pour ne pas savoir que le 5 0/0 constitue d une façon spéciale le p acement cher aux petites bourses dont les économies composent l’épar gne nationale qui va perdre tout ce que gagne ront dans cette opération de mauvais a loi les spéculateurs républicains....