Extrait du journal

avoir épuisé une à une et jusqu’à la lie toutes les voluptés de la femme, sans que jamais ses yeux se fussent mouillés en rencontrant le regard d’une vierge, sans que son cœur eut battu plus vite à la pression furtive d'une main amie, il s’était pour ainsi dire atrophié. Il était devenu d’une sécheresse désespérante, presque haineuse. Il s'était dissous peu à peu au milieu des énerve ments de plaisirs multipliés et faciles. Nature viciée et profondément corrompue, dévoyée du sens moral. M. d’Ecbevanne, dans sa conduite auprès de Martine, obéissait à la fureur d’un désir Insensé, attisé par les circonstances de l’amitié de Tarsul, de son duel avec le comte, de sa liaison avec la Jeune femme. Son cœur restait froid, mais ses sens étaient en révolte; son sang bouillonnait dans les artères et peu à peu — il s’en rendait bien comp'e — il arrivait à cette période aiguë du délire où l’on considère avec moins de répulsion les actes les plus odl**ux, les tentatives les plus extravagantes, où tous les sentiments d’honneur de l’homme sont sacriltés sans scrupule, avec un plaisir plein de rage, à l’assouvissement d’un désir sans nom. Il" possédait trop d'empire sur lui-même pour laisser deviner les passions qui brûlaient son cerveau. Il ne se trahit Jamais. Du reste, le loyal et honnête Tarsule ne se doutait guère qu’il marchait sur un volcan. Les laves en ébulltion cherchaient un passage sous ses pieds; l’abîme l'entourait, le resserrait ; mais, confiant dans son ami, incapable d’avoir même un soup çon sur sa femme, il était heureux. Au souvenir d’une excursion dans les polders de la Hollande, Léon ttozlan raconte qu’il se trouva un Jour devant un grand lac enfermé dans un cadre de gazon dont la bordure allait, par une pente molle, se perdre à l’horizon. JLUen...