Extrait du journal

terre. Il était d'ailleurs tout habillé; son frac bleu à bou tons d’or, sa culotte courte de velours gris et pluelieux , étaient souillés de boue et déchirés en plusieurs endroits. H ouge de vio et de colère , celle figure , grasse et gon ée , grinçait des dents et blasphémait, livrée à une horrible agonie. Vous eussiez frémi de voir ce visage défiguré par la torture qu’éprouvait Billy, ce front et ces joues d’un bronze ardent, ces muscles, tendus comme d-s câbles, qui se tordaient, ces grosses dents qui se broyaient avec fureur ; il fallait entendre ses anathèmes jetés sur l’orage, sur le temps , sur le repas, sur l’ivresse, sur sa femme qui se tenait près de lui, sur lui-même, sur sa folie, sur son cheval, sur le lonneire qui grondait, sur Dieu, qui faisait gronder le tonnerre Ou ne peut rien imaginer de plus hideux. Je reculai d’un pas. — Mais , ma bonne femme , dis-je à mislrcss Billy. qui tremblait de tous ses membres, ce n’était pas moi, c’était le chirurgien qu’il fallait envoyer chercher. — Il nous tuera tous ! Soulagez-le, monsieur, de grâce f faites quelque chose pour lui ! s’écria la pauvre femme éplorée et se tordant les mains. Alors, le furieux se retourna, et s’appuya à demi sur son coude : — Oui, docteur, faites quelque chose pour moi, comme dit cette coquine... et que tous les diables vous bercent ! Oh ! oh! que je souffre ! Voyez-vous ce pied, celte jambe ! Cheval maudit ! Je le briserai, je le moudrai, je le mangerai, ce cheval infernal, aussitôt que ma chienne de jambe pourra marcher ! En disant ces mois, il secouait ce pied qui pendait tout sanglant, et auquel un débris de bas bien était en...