Extrait du journal

FEUILLETON. UN COUP DE TONNERRE. LE BOXEUR ET IA JBUKE FILLE. Vers la fin de Tannée 18*24, un orage violent éclata sur Londres. Je n’oublierai jamais cet orage auquel se rattachent des circonstances bizarres et des souvenirs pleins d’intérêt et de douleur pour moi. J’essaierai de faire partager au lecteur des émulions qui vivent encore dans ma pensée. A midi, je remarquai qu’un changement s’opérait dans l’atmosphère, et soumettait peu à peu la nature à une espèce de silence , de stupeur et d’atlente; les nuages s’abaissaient, l'électricité s’amassait ; le ciel jaunissait et semblait se rétrécir et se replier autour de uons. Les animaux frémissant paraissaient pressentir leur danger; ils tremblaient d’avance sous le choc que leur instinct devinait. Il y avait connue une menace suspendue daus le ciel. La chaleur redoublait à chaque instant; on voyait les chiens panteler, leur langue desséchée et brûlante tomber de leurs gueules ouvertes, les bœufs que l’on menait à la boucherie, rester immobiles et refuser de marcher. Quoique Ton étouffât dans les rues où le soleil dardait à plomb, la foule s’y pressait. II y avait beau coup d’agitation dans les esprits. La Fin du monde et le Jugement dernier, que des enthousiastes et des fous avaient aunoucé, devaient arriver ce jour-là. Le chan gement de température , l’aspect du ciel, l’approche de l’orage, ébranlèrent toutes les imaginations : j'en appelle aux souvenirs de ceux qui demeuraient alors à Londres ; ils se rappelleront comme moi cette journée , et la fièvre de terreur qui se propageai! parmi le peuple, et le fa natisme des uns et des autres....