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L’Écho rochelais, 9 septembre 1896

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L’Écho rochelais
9 septembre 1896


Extrait du journal

sa République, que les électeurs se massent contre une coalition qui se désunit et se débande. La lettre du comte de Chambord ne tarde guère à disperser ces bataillons où l’autorité mal établie des généraux et les jalousies des colonels rendent toute dis cipline et toute cohésion impossibles. La revanche de M. Thiers est certaine ; mais, au moment même où elle va ressai sir le pouvoir, sa main se glace et, sous le coup qui abat son plus illustre défenseur, la République chancelle. On la croit per due ; elle se relève aussitôt, soutenue, portée par Gambetta. Subitement assagi, l’homme que, la veille encore, les uns traitaient de fou furieux et les autres d’insurgé, se révèle un poli tique plein d’habileté, de souplesse, de pru dence. Sa modération déconcerte ses enne mis et rassure les électeurs ; son emporte ment se tourne en patience, une patience italienne que rien ne découragera, dont il ne se départira presque jamais. Il remue le Parlement, il secoue et entraîne les foules par son enthousiasme exubérant et contagieux, la lumière et là chaleur de sa parole. Il apparaît comme le représentant d’une République plus jeune, plus audacieuse, plus séduisante. Il remplit la France de son entrain et l’éclat de ses fêtes illumine Paris. Nouveau Périclès, il ressuscite un instant la République athénienne. Elle ne lui survécut guère et, avec M. Jules Ferry, elle eut une physionomie renfrognée, un caractère encore moins aimable que sa figure ; mais elle parut plus forte et fut mieux obéie. Cet Alexandre mourut d’une balle ton kinoise et ses lieutenants se partagèrent son empire. Ces roitelets furent presque toujours en guerre. Ce qui frappe surtout, lorsqu’on passe en revue ce long espace de vingt-six années, dont la dernière se termine aujourd’hui, c’est la tendance de la République à s’in carner dans des hommes très différents, de telle sorte que, pour écrire son histoire, il suffirait d’écrire leurs biographies. Jamais le conseil d’Anacharsis Clootz : « France, méfie-toi des individus ! » n’a été ni moins écouté, ni moins suivi ! Ce qui frappe encore, c’est ce penchant de la République à en user avec ses plus illustres serviteurs comme Saturne avec ses enfants : elle les a tous dévorés les uns après les autres, plusieurs sont morts, beaucoup achèvent de s’éteindre dans une sorte d’exil à l’intérieur, et les autres lan guissent dans un isolement plus cruel que l’exil et que la mort. . Elle a commencé par son propre père, M. Wallon, et continué par le plus souple comme aussi le plus éloquent de ses défen seurs, M. Jules Simon. Elle a livré Gam betta aux muets de son sérail et M. Jules Ferry à ce qu’on appelait en 1848 le lion populaire. Elle se donna un instant à M. Brisson et parut fière de ce Spartiate ; mais elle se reprit très vite et brisa, dans une minute de mauvaise humeur, cette idole d’un jour. Comme un vieux chêne éternellement robuste, M. Grévy abritait tous ces tombeaux sous son ombre; lui seul...

À propos

Lancé en 1828, le Journal commercial, littéraire et d'annonces judiciaires de La Rochelle donnait toutes les semaines des renseignements de première main sur les activités du port de La Rochelle. En 1829, il change de titre pour devenir L'Écho rochelais, mais reste fidèle à sa formule, amalgame de renseignements financiers de proximité et de bruits de couloir mondains. Le journal paraît jusqu'en 1941.

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