Extrait du journal

blissement du monde moderne sur les ruines des anciens partis, nous trouverions, après bien des hésitations, bien des heurts, après des transformations nombreuses, notre forme définitive de gouvernement. Ce régime, reconnu par tous, incontesté, est désormais établi. Il faut, maintenant, en profiter pour lui faire produire tous les résultats qu’il doit donner. Nous entrons dans la période d’application d’un système politique, déterminé, à la réalisation des réformes économiques et sociales. Ce serait folie que de vouloir, tous les jours, tout remettre en question, en réveil lant le souvenir des querelles éteintes, des luttes passées. L'état de guerre n’est que transitoire ; il n’est pas l’état normal ; il ne permet pas de fonder quoi que ce soit de durable, il doit cesser un jour, et, sous le gouvernement, sous l’administration du vainqueur, la pacification, l’organisation doivent commencer. Alors il faut, laisser venir l’oubli dans l’âme des vaincus dont le concours est nécessaire, sans rien leur abandonner des droits acquis, sans leur céder tous les avan tages de la conquête. Il seront tout naturellement admis à pro fiter des produits du travail commun, quand ils auront librement, pendant un certain temps, joint leurs efforts à ceux des vainqueurs. Or ce sont les circonstances elles-mêmes qui les poussent, tôt ou tard, à offrir leurs services aux vainqueurs et qui obligent ceux-ci à les accepter. Il est nécessaire aux uns et aux autres, en effet, d’asseoir, un jour ou l’autre, les institutions nouvelles sur les bases d’un mutuel accord, de les affermir par une confiance réciproque et de reprendre enfin avec les formules neuves, dès lors accep tées de tous, le travail un instant inter rompu. Qui ne voit pas que la République actuelle touche à une de ces époques qui marquent l’établissement définitif d’un régime nou veau? Qui ne voit pas aussi que les vieilles luttes purement politiques, devenues inu tiles, n’intéressent plus la majorité des citoyens, d’abord parce qu’une génération nouvelle est née, qui n’en saisit plus les raisons, qui n’a ni les rancunes, ni les sou venirs des vieux partis, ensuite et surtout parce que des questions plus graves, plus impérieuses, de l’ordre économique et so cial, réclament l’attention des dirigeants. C’est sur l’étude de ces questions que vont se concentrer désormais tous les efforts. Le peuple, las des guerres politiques qui lui ont coûté tant de sang et de larmes, veut enfin en recueillir les fruits. Allezvous l'obliger, pour la satisfaction de vos appétits et de vos haines, à guerroyer encore sur le terrain conquis et retarder pour lui l’heure de la jouissance et du repos ? C’est pour lui, c’est pour la foule des déshérités, de ceux qui souffrent, et sur le dos desquels vous vous battez depuis un siècle pour vous disputer le pouvoir, que nous réclamons non pas une trêve, mais la paix: il l’a gagnée, elle lui est due....