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L’Écho rochelais, 13 décembre 1839

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L’Écho rochelais
13 décembre 1839


Extrait du journal

SOUVENIRS DE L’EMPIRE. JORTSMANN. (Suite et fin ) Trois jours après, Leclerc entrait chez le jeune général, et annonçait l’arrivée du bottier. Bona parte sortit de sa chambre, où son domestique préparait ses malles de voyage , et vint au devant de Jorstmaun. Il regarda les boites, et loua le travail, puis en essaya une. Cela va parfaitement.... je suis content de vous... je vous donne ma pratique,... elle sera bonne, je vous jure.... elle sera bonne, répéta t-il en appuyant sur ces paroles. Le phlegmatique allemand ne comprenait pas. Tout en suivant les inouvemens du général, il pré sentait impitoyablement sa facture acquittée. — Qu’est ce que cela ? dit Bonaparte. — C'est la facture. — Ah! oui.... Asseyez-vous, M. Jorstmaun , je vais vous faire un bon sur le trésor. — Un bon ! murmura le bottier de mauvaise humeur. — C’est de l’or en barre, imbécile ! interrompit Leclerc. — J aimerais mieux autre chose.... de l’argent, par exemple. Depuis les assignats , le papier mon naie n’a pas cours dans le pauvre peuple Pardon nez-moi, messieurs, mais.... —Il sera payé ce bon, tête carrée. — J’ai peur d’être comme mon frère, et quoiqu’Alsacien , je suis Suisse sur ce point : — pas d’argent, pas de bottes. Outré de ce procédé , se Leclerc disposait à infli ger une correction au défiant bottier , lorsque Bo-naparle lui fit signe, et repoussant avec le pied les boites qu’il avait essayées : — Je n’emploie pas , dit-il , les gens qui ont si peu foi dans la probité de notre gouvernement, M. Jorstmaun. Libre à vous de penser mal de votre pays, mais respectez le nôtre , sortez. Et il tourna le dos, laissant l’ouvrier coufus de sa conduite. Le 21 mars, Bonaparte quitta Paris. Le dénue ment du Trésor était tel dans la République, que tous les efforts du général et ceux du directoire ne purent composer que 2,000 louis qu’on donna au futur empereur. Telle fut la somme qu’il reçut pour conquérir litalie et arriver à l’Empire. Un ordre du jour signé Berthier constate qu’à son arrivée à Nice , le général en chef fit distribuer aux généraux , pour les aider à entrer en campagne , la somme de quatre louis en espèces : c’était même chose étonnante aux yeux de tous, tant le numé raire était devenu rare. Les soldats marchaient pieds nus. Le matériel de l’armée se trouvait dans un état déplorable. Jamais armée , à part la bravoure et la bonne discipline des régimens , n’avait offert un aspect plus misérable. Tels étaient les vainqueurs d’Arcole et de Lodi!... Dès que Bonaparte se mootia à l’armée d’Italie, on vit tout aussitôt l’homme fait pour commander aux autres : tout changea de face. Il remplit dès cet instant la grande scène du monde , il occupa toute l’Europe, il concentra toutes les pensées. Son ap parition fut une véritable révolution dans les mœurs, dans les manières, la conduite et le langage. Nous citerons un fait entre mille : Decrès 1 avait beaucoup connu à Paris et se croyait en toute familiarité avec lui ; dès qu’il apprit que le général en chef de l’armée d’Italie traversait la ville où il se trouvait, il offrit à tous ses camarades de les présenter. « Je c urs plein d’un empressement joyeux , rapportait-il, le salon s'ouvre, je vais m’élancer, quand l’altitude,...

À propos

Lancé en 1828, le Journal commercial, littéraire et d'annonces judiciaires de La Rochelle donnait toutes les semaines des renseignements de première main sur les activités du port de La Rochelle. En 1829, il change de titre pour devenir L'Écho rochelais, mais reste fidèle à sa formule, amalgame de renseignements financiers de proximité et de bruits de couloir mondains. Le journal paraît jusqu'en 1941.

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