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L’Écho rochelais, 13 septembre 1890

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L’Écho rochelais
13 septembre 1890


Extrait du journal

« Qui a Paris a la France », disait-on autre fois. Le mot fui vrai à certaines époques ; il ne l’est certainement plus. Quand on rentre à Paris après un séjour dans la province, on constate à quel point les préoccupations sont différentes. L’un des écrivains les plus distingués de la Correspondance nationale nous mande aujour d’hui ces justes impressions : Quand on vient de passer quelques se maines en province, à la campagne, et que l’on a été en contact intime avec le vrai peuple, on envisage en rentrant à Paris la situation politique sous un jour tout diffé rent de celui que répandent artificiellement les journaux, bien qu’ils soient vulgaire ment qualifiés les organes de l’opinion. La vérité est qu’il n’y a pas de peuple plus facile à gouverner que le peuple fran çais, ni qui demande moins à ceux qui le dirigent. La contre-partie de cette vérité est qu’il n’y en a point dont les gouvernants dédaignent davantage de prendre les inté rêts et de respecter les tendances. Dans quelque partie du pays que vous puissiez aller, vous verriez ce que j’ai vu moi-mème. On travaille beaucoup, on dis cute peu, on n’a guère de théories, nos fréquentes révolutions ont troublé bien des principes, les fanatiques sont rares, ceux qui paraissent l’être ne sont même pour la plupart du temps que d’avides exploiteurs. Ce qu’on demande partout, c’est du calme et de la tolérance. On voudrait aussi de l’équité dans la dis tribution de ce qu’on appelle à tort les faveurs gouvernementales, car ce n’est pas le gouvernement qui donne en réalité, puis qu’il ne fait que puiser alors dans l’apport de la masse des contribuables. Je vous défie d’aller dans une petite ville, dans une commune rurale, sans entendre des plaintes. C’est une gare mal placée, pour permettre à tel ou tel favori de M. le Préfet de revendre cher des terrains sans valeur. C’est un bureau de poste ou un chemin détourné de son vrai centre pour la commodité d’un petit potentat électoral. Ici c’est une nomination scandaleuse, là une révocation révoltante ; ailleurs des in demnités ou des secours accordés à ceux qui n’en ont pas besoin et refusés aux nécessiteux. Les vexations scolaires et les charges militaires, que la fameuse loi soi-disant égalitaire de 1889 a aggravées, commencent aussi à peser lourdement. J’ai vu des fa milles inquiètes, et il y a de quoi. Le père et les deux fils partiraient en même temps si la guerre éclatait. On entend dire que tous les souverains d’Europe se visitent échangent des pourparlers, on voit la France isolée, et on demande volontiers à...

À propos

Lancé en 1828, le Journal commercial, littéraire et d'annonces judiciaires de La Rochelle donnait toutes les semaines des renseignements de première main sur les activités du port de La Rochelle. En 1829, il change de titre pour devenir L'Écho rochelais, mais reste fidèle à sa formule, amalgame de renseignements financiers de proximité et de bruits de couloir mondains. Le journal paraît jusqu'en 1941.

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