Extrait du journal

Après un hiver fort peu rigoureux, les germes con fiés à la terre avaient pris un développement rapide, sous l’influence d’une température constamment favorable. Les arbres fruitiers, devançant l’époque ordinaire de leur floraison, étalaient de séduisantes promesses ; nos vignes, surtout, annonçaient nne riche récolte. Hélas ! une partie des espérances qu’011 avait conçues est dé truite , et l’action désastreuse d’une forte gelée, qui s’est fait particulièrement sentir dans la nuit du 14 au 15 de ce mois, est venue tout-à-coup déjouer les plus flatteuses prévisions. Les vignobles des environs de la Rochelle ont été fort maltraités par le fléau, qui a sévi principalement sur la commune de Lagord, de Saiot-Xaodre et sur les com munes environnantes. Celles qui avoisinent les côtes, ont toutefois été épargnées, ou du moins n’ont éprouvé que de légers dommages. Il u’en a pas été de même, dit-oo, de la partie de notre département où se trouvent les meilleurs crûs de l’Aunis : nous voulons parler d’Aigrefeuilles et des communes qui s’étendent autour de ce chef-lieu de canton. Là, d’après les bruits qui circulent, les vignes auraient beaucoup souffert Si le mal était restreint * nos contrées, les consé quences seraient déplorables ; car le malheureux cultiva teur que l’abaissement excessif des produits et le manque presque absolu de débouchés réduisent depuis si long temps à la plus triste position, 'n’aurait pas même, eu perdant une partie de sa récolte, l’espoir de récupérer, par une hausse sensible, le prix de ses sacrifices et de ses labeurs. Mais il n’en est pas ainsi : les contrées méridionales de la France, elles aussi, paraissent me nacées de subir une diminution notable dans leur récolte par suite de gelées. Des lettres annoncent que la Pro vence et le Languedoc étaient couverts de neige , dans les premiers jours d’avril. D'autres correspondances ont appris que les vignobles d’une partie des Bordelais avaient aussi souffert. Une hausse de 5 fr. par hectolitre s’était manifestée sur les 3/6, et l’on ne trouvait plus de vendeurs. Il ne faut pas pourtant s’exagérer les pertes subies. L’esprit de spéculation, qui cherche à tirer parti de toutes les circonstances , ne manquera pas , sans doute, de porter les choses au pis et de proclamer la ruine com plète de la récolte. Il o’eo est rien. Dans les communes les plus maltraitées, le quart du fruit de la vigne a pu être atteint par la gelée, et, de l’aveu même des vignerons, à qui de justes craintes inspirent parfois en pareil cas...