Extrait du journal

Le Recrutement de l’Anarchie La loi de sûreté générale, qu’on est en train de voter, est une loi d’effarement ; les manifestations criminelles des anarchistes ont surpris et déconcerté le Gouvernement. A la lueur de sinistres clartés, l’état social est apparu tel qu’il est en réalité; l’édifice républicain est lézardé, il menace ruines. Même quand ils sont dans l’opposition, les conservateurs restent des conservateurs indéfectibles, c’est pourquoi les gouver nants n’auront jamais à redouter une diver sion sur leur droite quand ils seront obligés de mobiliser leurs forces pour se défendre contre les entreprises révolutionnaires de l’anarchie; la France ne serait pas le théâtre des exploits anarchistes si les prin cipes conservateurs fussent demeurés en honneur. Un vieux et loyal républicain, M. Pessard, a osé dire sur ce point la vérité tout entière jusque dans la Petite Gironde! Quiconque, dit-il, viendrait soutenir que les lois scolaires, telles qu’elles ont été pratiquées dans une excellente intention, sont pour soixante pour cent dans l’affaiblissement de l’autorité paternelle et dans le relâchement de la disci pline familiale, celui-ci se ferait huer comme un vulgaire réactionnaire et un simple clérical! Là est le secret de certaines timidités ; on voit la plaie, on se rend compte de la gravité du mal, mais on n’ose pas agir en conséquence. Le péril est tel, qu’un vieux libre-penseur a fini par livrer à son journal cette na vrante confession : Les nouvelles générations qui arrivent àda vie politique ont ressenti les bienfaits de l’édu cation laïcisée. Elles me font peur, tout simple ment ! Je vois venir un débordement de bar barie. Il n’y a pas un homme de gouvernement qui ne soit, au fond, de cet avis-là, mais les amours-propres sont engagés, les lois qui sont l’origine de tout le mal ont été proclamées « intangibles », et on s’en tient là... On n’ose pas renoncer à cette chose or...