Extrait du journal

En dehors de l’art, ce fut l’homme le plus aimable de son temps, à cela près qu’il n’avait pas le temps de lire les lettres qu’on lui écrivait, et que la seule façon de lui faire savoir quelque chose était de lui envoyer une dépêche très courte, disant tout en deux lignes. En revanche, il accueillait tous les artistes, les conseillait, s’occupait de leurs intérêts et, très avare de son temps pour lui-mème, le dépensait sans compter, dès qu’il s’agissait d’un peu de bien à faire. Il fut un excellent professeur ; ses élèves l’adoraient. L’homme était beau ; sa figure blonde, maintenant encadrée de cheveux blancs et d’une barbe blanche, s’éclairait d’un doux sourire et scs yeux bleus disaient son intelligence et sa bonté. Toute sa personne avait la distinction de son art, et cette finesse instinctive n’entra vait nullement sa fermeté. Tous les artistes savent qu’il fut un des fondateurs de la Société des Artistes français et qu’il l’administra longtemps avec une rare compétence. L’homme sera regretté longtemps, et son œuvre vivra par le côté idéaliste, à titre de contraste, dans une époque éprise de réalités brutales. C’était un aristocrate à une époque d’art démocratique. Tout-Paris. Les Tablettes rappellent que M. Bou guereau, ancien élève au collège clérical de Pons, se montra toujours fort attaché à cette Institution ; même il fut président de l’Association de ses anciens élèves: William Bouguereau n’était pas seule ment un des premiers peintres du siècle, c’était un excellent homme, que la gloire ni la fortune ne grisèrent, et qui resta, toute sa vie. accueillant aux jeunes et fidèle à l’idéal de sa propre jeunesse. « Il est mort en bon chrétien, après avoir reçu tous les sacrements avec sa pleine connaissance, nous écrit un de ses meilleurs amis, M. le chanoine Berthelot, doyen du Chapitre de la Cathédrale. Il a été grand jusque dans la mort. » * * * La Patrie : Avec M. Bouguereau vient de disparaître une des plus grandes figures de l’art fran çais. Notre bonne étoile nous ayant conduit hier matin du côté de l’atelier de M. Tony...