Extrait du journal

Je n’avais au monde que ma jeunesse; je vous ferais rire, enfants qui nie regardez en ce moment, si j’ajoutais et ma beauté. Pourtant j’étais belle : une figure régulière, une taille élevée et bien prise, et le charmé que la vie inté rieure pure et animée par la tendresse et 1o goût des arts donne à une jeune fille, me rendaient sympathique à tous, et éveillaient dans quelques-uns des désirs d’amour qui se traduisaient pour la pauvre fille isolée en projets de séduction. Dans mes espérances de cultiver avec succès un art qui nie charmait. j’avais besoin de protection. Il fallait faire accepter mesouvrages par le jury, obtenir ensuite une bonne place à l’Exposition. Mon maître aplanit toutes les difficultés, et je vis deux de mes ouvrages bien placés, obtenir la sym pathie du public en général et de deux amateurs en parti culier, qui m’achetèrent mes tableaux. Je l’écrivis au plus vite à Albert ; j’y voyais une ressource pour l’avenir ; j’étais heureuse et Itère de devoir l’aisance à mon travail, et dans ma joie, je pressais le retour de mon fiancé avec une viva cité que je n’avais pas encore osé montrer jusqu’alors. La réponse d’Albert m’annonçait son retour prochain, mais sa lettre, courte et froide, ne me parlait de mes tableaux que pour exprimer je: ne sais quelle crainte vague sur les dangers que la culture des arts amène pour une femme.:. Je ne l’avais pas d’abord compris, mais un fait qui me frappa d’fRoftnemenl et de chagrin me âçmbla bientôt justifier ses^ inquiétudes. Le soir même du jour où j’avais reçu celte...