Extrait du journal

résistances injustes,et les peuples par des impatiences | irréfléchies. Où cela s'arrêtera-t-il ? Dieu tient la ré ponse dans sa main, que la violence des hommes ne saurait ouvrir. Après l’Italie tourmentée, après la Prusse excitée, voici la Grèce qui se lance dans le hasard révolu tionnaire. Du premier coup, en quelques heures, elle rejette une dynastie choisie par elle et qui a pu dé mériter par imprévoyance, non par malveillance. Les sophistes seuls prétendent que les gouverne ments se suicident. On les tue, voilà la vérité. Si l’intérêt des peuples est la prospérité, l’inlélôt des souverains est la durée. Dites donc que le pouvoir se trompe, ne dites pas qu’il trompe. Ce serait ab surde. Or, quoi qu’on puisse soutenir, la lumière est plus vive sur les hauteurs que dans les vallées. Le roi O thon a-t-il éprouvé quelque éblouisse ment , quelque aveuglement rétrograde ou despo tique? Les partis l’àflirmont. Les hommes sensés, en Grèce et ailleurs, ne le croiront pas. Sous ce règne, la nation hellénique a été tranquille, estimée, heu reuse. Si elle n’a pas eu tous les biens auxquels elle était en droit de prétendre, c’est à elle, bien plus qu’au souverain, qu’en revient l’imputation. Est-ce que la Grèce n’est pas gouvernée par des institutions représentatives ? Si un abus existe, les Chambres ne pouvaient-elles pas, non-seulement réclamer sa suppression, mais l’effectuer d’elles-mêmes? Si une réforme intérieure est opportune, n’est-il pas facile d’obliger le pouvoir à- la réaliser ? Si la paix est hu miliée, si la guerre est légitime, les représentants du pays ne sont-ils pas en droit de repousser l une comme dégradante, die proclamer Vautre comme nécessaire ? Ainsi n’a point agi le parti révolutionnaire en Grèce. Sans formuler aucun grief capital, et nous venons de prouver que ta responsabilité lui en serait forcément attribuée, il a poussé à la sédition, d abord par la prédication de la tribune et des journaux , ensuite par la révolte à main aimée. L’œuvre a échoué à Nauplie,elle vient de réussir à Missolonghi. Le roi Othon, avec une facilité toute philosophique, abandonne ce trône, où il a trouvé moins de joies que d’insomnies. Née d’un orage, la jeune dynastie est emportée par un orage. Point de passé, point d’avenir. Ce sera un accident historique. Ce n’est pas nous qui plaindrons le roi Othon et sa famille. Laissons ce soin aux adorateurs des hautes fortunes, qui ne savent point, ou qui feignent de ne point savoir quels pensers amers sont çaehés sous les couronnes. A en juger par la rapidité des faits qui viennent de s’accomplir, le prince en fuite ou bliera volontiers les soucis de la veille dans le calme du lendemain. Il y a tantôt quinze ans, les révolu tionnaires belges voulurent aussi « se défaire » du roi Léopold, üelui-ci, loin de résister, alla au-devant de leurs résolutions. « Vous voulez la république, dit- il, soit : dans trois jours, moi et les miens nous aurons quitte Bruxelles. » Les meneurs réfléchirent, la nation s’émut ; le roi, supplié de ne pas quitter le trône....