Extrait du journal
d’administration publique déterminerait « les conditions des prélèvements à opérer sur le produit du travail des mineurs, en vue de la constitution d’un pécule ou d’un fonds commun. » Il ne semble pas téméraire de dire que les prescriptions de la loi furent aggravées par un règlement qui spécifia : « La va leur du travail est évaluée, selon l’âge et la profession, à un prix journalier dont le maximum et le minimum sont détermi nés au règlement intérieur de l’établisse ment. > Autrement dit, le règlement du 13 juin 1910 impose aux œuvres l'obliga tion de payer des journées de présence aux mineurs, qu’il saient ou non travaillé, qu’ils aient bien ou mal travaillé. La loi n’avait pas dit cela ; elle n’envisageait que la rémunération d’un travail réellement effectué, et productif. C’est encore ainsi que la question s’est posée, l’autre jour, à la Chambre. Il s’agis sait pour elle de choisir entre le péculesalaire et le pécu^-récompense. La récompense est, parmi les moyens d’aclion laissés aux œuvres, l’un des plus efficaces. La Chambre s’est prononcée en faveur du pécule obligatoire accordé à tous indistinctement, les bons et les mau vais sujets, les ouvriers exercés et les commençants qui gaspillent la matière première. C’est l’égalité par en bas. A travail inégal, salaire égal. Il est clair que le législateur a été dominé par le souci d’obvier à l’exploita tion de l’enfance par des entrepreneurs éboulés. Mais le péril, s’il n’est pas abso lument imaginaire, parut toujours bien exagéré. La vérité, c'est que la plupart des œuvres charitables joignent péniblement les deux bouts et que le travail des enfants couvre à peine leurs frais d’entre tien. Elles ont déjà beaucoup de mal à trouver les ressources nécessaires pour équilibrer leur budget. Quelques-unes, dans h s grandes villes et grâce a des con cours généreux, pourront se plier à l’obli gation du pécule, mais les petites œuvres n'y résisteront pas et disparaitront. Si vous possédez des établissements spéciaux pour recueillir leurs pupilles, tout va bien ; mais s'il n'y en a pas (et c'est le cas), quelle imprudence, ô législateurs, fut la vôtre 1 Et puis, la bienfaisance privée aura tou jours beau jeu à vous dire que cette charge sous laquelle vous l'accablez, l'administration s'en exempte. Les colo nies pénitentiaires ne donnent pas de pécule. Quelques menues récompenses en argent, et encore ! On ne considère donc pas, officiellement, que rendre la liberté à un mineur sans pécule, c’est le vouer à la récidive. Et l’on n’a pas tout à fait tort, puisqu’il fut démontré au Congrès de Lille, en 1909, que 75 pour 100 des libérés disposant d'un pécule le dépensent en quelques jours et redeviennent vaga bonds. Le placement, en réalité, est le seul secours qui vaille. Mais si l’administration publique rai sonne ainsi, pourquoi ce qui ne convient pas à ses pupilles serait-il bon pour ceux des œuvres privées ? Prenez garde de les décourager au moment où vous auez le plus besoin d’elles. Lorsque l’alcoolisme régnant encombre de ses produits, anor maux et dégénérés, les établissements pénitentiaires et les asiles de toute sorte, je crois bien que l’on y regardera à deux fois avant de fermer les orphelinats inca pables, pour cause, d’assurer un pécule aux épaves humaines qu'ils abritent et réconfortent le mieux possible. Et voilà pourquoi la Chambre n’a voté qu’une loi inapplicable de plus. Lucien Descaves....
À propos
Lancé en 1828, le Journal commercial, littéraire et d'annonces judiciaires de La Rochelle donnait toutes les semaines des renseignements de première main sur les activités du port de La Rochelle. En 1829, il change de titre pour devenir L'Écho rochelais, mais reste fidèle à sa formule, amalgame de renseignements financiers de proximité et de bruits de couloir mondains. Le journal paraît jusqu'en 1941.
En savoir plus Données de classification - frontin
- lucien descaves
- perreau
- poincaré
- clemenceau
- valensi
- drouineau
- peyroux
- clemen
- descaves
- olympe
- paris
- france
- rochelle
- echo
- clermont
- allemagne
- octeville
- gérardmer
- castellane
- sénat
- agence havas
- assistance publique
- comité de patronage
- conseil supérieur de l'assis
- autrement dit
- bien public
- parti radical
- cour de cassation
- r. p.