Extrait du journal

à Sainte-Hélène On nous attache avec une corde deux par deux et nous revoyons le prince russe qui nous prévient que nous allons être fusillés. Je marche le cœur en peine et écœuré de tout ce que j’ai vu ; alors il me vient un profond dégoût de la guerre. Nous arrivons à une ferme dans laquelle on nous fait coucher ; nous avions fait une heure de chemin par un orage terrible, ma veste était restée sur le champ de bataille, mon pantalon était déchiré aux genoux, et mes bottes prenaient l’eau. Ah ! chers parents, je ne crois pas que vous reconnaîtriez Daniel sous ce complet, qui me donne l’aspect d’un bandit plutôt que d un soldat. Le soir, il nous a fallu coucher les uns sur les autres, ayant des pommes de terre comme matelas, rien à manger et nous mourions de soif ; on nous a donné juste un i>eu d’eau et c’est tout ; nous n’avons rien mangé depuis quarante-huit heures. Les blessés se trouvaient dans une chambre séparée....