Extrait du journal

Au tour du « rate » maintenant. D’abord, l’impression d’inachevé, le souvenir non encore amorti de la gigantesque déception des premiers jours, qui a fait dire spirituellement que la seule industrie représentée pendant un mois a été celle des charrois. Les inaugurations ont beau se succéder tous les jours, le public qui sait que les choses ont été faites trop vite, au dernier moment, bâclées, en garde une fâcheuse arrière-pensée. Quelques-uns se prennent de peur. Ils ne croient plus à la solidité des passerelles, mime officielles, soupçonnent la fermeté des pilotis les moins vacillants. Ce sentiment, sinon de terreur, du moins de vague défiance, paralyse le rire, même dans les maisons du rire. Est ce pour cette raison ou pour une autre, mais j'entends dire de tous côtés, autour de moi, cette phrase courante :« L’Exposition n’est pas gaie comme celles de 1867 ou de 1889. Elle rappelle plutôt celle de 1878,si morose, qu’on s’est demandé depuis si M. Bérenger n'en avait pas été l’ingénieur conseil.» En tout cas, avec l’électricité qui lui manque encore sur plus d’un point, comment semblerait elle amusante en ce moment? La gaieté des grands espaces n’est-ce pas la lumière? Et tant qu’une magnifique clarté ne se reflétera pas dans la Seine, l’Expuslîion sera,le soir,une façon de royaume des ténèbres,au lieu d’être, comme c’est son devoir, un ressouvenir des Paradis perdus....