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L’Éclair, 12 mars 1892

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L’Éclair
12 mars 1892


Extrait du journal

La fraternité de la souffrance abolissait le fratricide,et la seule proclamation que pussent lire, au mur, leurs yeux affaiblis était VInri qui domine la tête du supplicié. Celui-là parlait de sa mère, cet autre de sa sœur ; celui-ci, qui partait pour le grand voyage, léguait sa pipe et sa blague — tout son bien ! — à son voisin, qui, sûrement, ne devait pas être du même côté. Les visiteurs de l’un se chargeaient de commissions pour la famille de l’autre ; clans cet atmosphère de calme et de douleur, la pitié, la sainte pitié reprenait scs droits. Tous ces hommes, ces gaillards à barbe épaisse ou à fortes moustaches, avaient, parmi la blancheur des toiles, sous le rayonnant soleil de mai, le regard étonne, candide, adouci, des petits enfants que le mal effare et qu’un rien ravit....
L'Éclair (1889-1926)

À propos

L’Éclair est fondé en 1888 par Maurice Dechêneau, un transfuge du Matin dont il recopia la formule. Antidreyfusard et antisémite, ce quotidien d’information devenu un journal politique passe ensuite sous l’égide d’Ernest Judet, fin 1904. Défaitiste et anglophobe pendant la Première guerre mondiale, son rédacteur en chef est accusé de trahison après la guerre. Judet fut contraint de vendre le journal qui fut finalement absorbé par L’Avenir en 1925.

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