Extrait du journal

Notez que, de tous ces braves savants, il n’est pas un seul qui, dans un débat de pure érudition, se laisserait convaincre par les raisons que lui-même apporte à la barre. S’il s’agissait d’établir l’orthographe exacte du nom d’un leur mérovingien, leur esprit aussitôt se hérisserait de scrupules, aucune précaution ne leur semblerait superflue: c’est alors qu’il ne ferait pas bon leur proposer de juger le cas autrament que sur documents originaux. Juger sur des pièces incertaines, sur des imitations plus ou moins grossières, non contrôlées, douteuses par là même ? Pour qui les prend-on, grands dieux ! L’érudition ne se paye pas de documents de troisième main. Et la méthode scientifique,monsieur ! Que si, au contraire, il ne s’agit plus de l’histoire du Moyen-Age, s’il s’agit de faits contemporains touchant aux intérêts les plus précieux de notre pays, à l’honneur de notre armée, à la sécurité de nos frontières, oh ! alors, c’est bien différent; il n’est plus nécessaire, en d’aussi minces débats, d’apporter des précisions, de consulter les pièces originales ; on peut très bien se contenter d’un à peu près plus ou moins truqué. Ainsi parle l’Ecole des Chartes....