Extrait du journal

Depuis vingt ans, un cri d’alarme est poussé par ceux qui, par état, penchés sur les statistiques, constatent que la race s’appauvrit, que la population stagne ou décroît, que la folie et le crime progressent effroyablement. Il naît moins d’enfants que jamais dans la famille aux liens trop lâches, et ceux qui naissent dans les milieux pauvres, portent trop souvent la tare des dégénérescences fatales ; ils n’ont pas été la consécration d’un amour partagé, mais l’erreur d'une lourde ivresse, et leurs paupières, pauvres petits, ne s'ouvrent à la lumière du jour que pour se refermer sous le brutal coup de pouce de leur funeste hérédité. Les chiffres sont là, décisifs, probants, commentés par des savants, dont les cliniques ne sont pas des tours d’ivoire, qui ont médité sur la chair vive et appris l’homme et ses misères au contact des misères de l'homme, a II faut vaincre l’alcoolisme ou se résigner à mourir.» En bloc, la science le condamnait, comme « un fléau qui vicie la race dans sa vitalité même, qui diminue le nombre des soldats à l’armée, et augmente dans une proportion effrayante les hôtes des prisons, des hospices et des maisons de fous ». Et voilà qu’un homme intervient, qui,du haut de son autorité, proclame la vanité et le mensonge de tous ces efforts généreux ; qui, revêtu du prestige que lui confère le rayonnement du Maître, dont il est le disciple, atteste que tous ses collègues en savoir,qui, depuis vingt ans, observent les effets pernicieux de l’alcool, ont propagé la diffamation et la calomnie, et que l’alcool est innocent....