Extrait du journal

Second motif. La société — d'aucuns disent la colonie — Israélite fait moins de dépenses qu’anrefais depuis 1* « affaire ». Non, j’imagine, qu’elle entende faire expier au pays où elle gagne si largement sa vie les « crimes de l’état-major » mais parce qu’elle a l'appréhension de ne plu jouir suffisamment de son faste. L’opulence, qu'elle soit d’ailleurs juive, chrétienne ou musulmane, ne donne généralement son plein d’agrément à celui qui la possède qu'autant qu’elle peut être un peu étale. Les Harpagons qui se privent de tout, leur vie durant, sont en minorité parmi les millionnaires et les milliardaires. Le juif, en particulier, aime, quoi qu’on ait pu dire de lui, 1 argent pour le faire rouler sous quelque forme que ce suit : la toilette, la carrosserie, la collection de tableaux, même les dessous féminins. Mais alors cet argent devient terriblement signe extérieur, aux yeux non seulement des financiers, mais de la généralité des contemporains. Or le juif craint de se dénoncer par là à ses ennemis. Sans croire autrement qu’en paroles à l'infâme comédie judiciaire de la Haute-Cour, il se demande rétrospectivement si M. Dubuc et ses amis n'avaient pas eu l’idée de se porter sur son hôtel avant ou après avoir pris celui de la préfecture de Caen. Donc, en ce moment, il aime mieux ne pas attirer l'attention sur lui, d'autant plus qu’il s’est assez agité depuis les débuts de l'affaire pour avoir souci de son repos....