Extrait du journal

LA POLITIQUE tandis qu’à l’occasion de la visite du tsar s’étale bruyamment notre snobisme ordinaire : montrons que nous sommes des délicats, des raffinés, des malins !..., la foule se charge de prouver qu’elle n’est ni délicate, ni raffinée, ni maligne. Au moment où les deux femmes inculpées du crime de la rue Fontaine sortaient, conduites par les agents, de la maison ou venait d’avoir lieu la confrontation avec la victime, du groupe des badauds massés devant la porte des cris se sont élevés : « A l’eau ! A mort 1 A mort!» Or,l’échange d’explications qui s’était produit, un instant auparavant autour de la couche du peu intéressant blessé, avait précisément fait tomber l’échafaudage de pseudopreuves qui se dressait au début de l’affaire contre les deux malheureuses, et leur innocence était d’ores et déjà si bien établie que l’une d’elles était immédiatement relaxée, et que l’autre n’a plus à répondre que de faits n’impliquant nullement sa complicité dans une tentative de meurtre qui, très probablement d’ailleurs, n’a jamais existé que dans l'imagination de ce vieux paillard de père Bedel. Qu'il ne faille pas prendre trop au tragique ce fâcheux incident, c’est bien certain. Le gogo parisien n'a pas, bien qu’il y paraisse ici, des instincts de cannibale; il aime à manifester son opinion, voilà tout, et nous ne sommes pas, Dieu merci ! au pays du lynché. Tout de même, nous ferions bien de refréner un peu cette tendance, qui est en presque nous tous, à considérer aveuglément sans examen, sans réflexion, sans hésitation — comme un coupable avéré le premier suspect sur qui la police a mis la main. Ces hâtifs emballements de la galerie ont au moins cet inconvénient qu’ils servent d’excuse à ces monstrueuses erreurs judiciaires contre lesquelles s’élève ensuite le haro public ; qu'ils les encouragent et que, peut-être, ils contribuent à les multiplier. Relisez le procès Cauvin, passez au crible de l'impartiale raison nombre des dépositions entendues, essayez d’analyser l’état d’esprit qui a dicté de pareils témoignages : vous reconnaîtrez que les magistrats ne sont pas seuls à blâmer en cette affaire, qu’ils ont des complices et que les nervosités de l’opinion ne sont pas moins à redouter pour la bonne justice que le féroce entêtement des juges. LES revendicationsTIONS DE LA COCHINCHINE Le maire do Saïgon à Paris. — Déclaration de...