Extrait du journal
M. Boret, député de la Vienne, a dé posé sur le bureau de la Chambre une proposition de loi tendant à supprimer le travail de nuit dans les boulangeries et à interdire la vente du pain frais. J’ose dire que tous les députés vrai ment patriotes voteront va. Et je me permets d’ajouter que tous les consom mateurs qui bougonneront seront de mauvais Français. Je vois déjà la grimace de certains qui, le matin, en lisant le communiqué, ne tremperont plus la tranche dorée, tendre, croustillante. Dès maintenant, j’entends leurs mauvaises raisons. A quoi je réplique tout simplement : Soin mes-nous tousen guerre, en France, oui ou uon ? Votre jusqu’au bout consti tue t il une règle pour tous ou seule ment pour ceux qui sont au front ? Votre amour de la Patrie est-il autre chose que du verbe ? Le sacrifice que vous prê chez vise t il uniquement. .. les autres? Car la logique est contre les poilus de l’arrière. Pour mener cette guerre jus qu’aux fins qu'ils ont rêvées il ne con vient pas de tenir économiquement et financièrement. C’est pourquoi mes col lègues ayant décide la réforme de l’heure pour faire l’économie de quelques mil lions, ils ne manqueront pas de voter la proposition Boret qui en économisera plus encore. Si je craignais de paraître un origi nal, je dirais qu’il faut aller plus loin. (Censure) En ne consommant que cfu pain rassis nous diminuerons, dans de fortes proportions, l’appoint que nous sommes dans l’obligation de nous pro curer hors frontières ; et en supprimant la pâtisserie nous le diminuerons plus encore sans compter que cesserait le spectacle scandaleux qu’offrent certains boulevards à certaines heures. Que dites vous ? ce n’est pas sérieux ! Et les poilus, eux, se gavent-ils de pe tits fours ? Bailleurs, voici de bons arguments qui me viennent à l’esprit. Pour que vous puissiez goûter, mes dames, pour que vous dégustiez le pain frais, messieurs, nous achetons à l’é tranger du blé et des farines sur lesquels nous perdons 20 ou 25 ()|0. Frais de guerre ! (Censure) Si vraiment l’esprit de sacrifice n était pas, le plus souvent, autre chose qu’un mot, ce n’est pas au pain rassis que se résigneraient nos jusqu’auboutistes ; ce n’est même pas à la suppression de la pâtisserie ; c’est au pain de soldat, à la boule, oui à la boule dont se contentent ceux qui sont au Iront. El encore, à ce prix là, le dévouement ne serait il pas cher. (Cens u rc) Tenez, je veux dire encore quelques mots. Jusqu’au bout, dit-on, d’accord. Mourir, souffrir pour le pays, d’accord, d’accord. Eli bien, messieurs, mesdames, je sais des champs de blé où la main-d’œuvre va taire defaut pour la moisson. Allons, faucille en main, c’est pour la France ! Voici des foins à retourner ; aidez à remplir les granges pour que notre ca va le rie ait le nécessaire, peur que le bétail s'engraisse. A la basse cour, la fer m ivre ne prend plus les soins utiles, tant elle est occupée par les gios ira...
À propos
L'Éclaireur de l'Ain était un journal hebdomadaire de tendance socialiste publié à Oyonnax. Il cessera de paraître en 1951.
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