Extrait du journal

été élus avec des majorités significatives, qui se chif frent par des mille, par des quinze cents, par des deux mille voix ! C’est là un fait capital, et qui devait causer dans le pays un long frémissement de joie et de soulagement. Le suffrage universel a donné par là une éclatante con sécration aux sentences portées par la Chambre. Par tout où la majorité, vengeresse tutélaire, en a appelé du suffrage universel opprimé au suffrage universel indépendant, le suffrage universel a répondu avec un élan et une fermeté admirables. Le scrutin du 27 janvier montre avec une puissance irrésistible ce qu’auraient été les élections du \\ oc tobre, si elles s’étaient faites librement. Il prouve que la Chambre n’aurait fait que donner satisfaction aux exigences de la morale publique en invalidant en masse toutes les élections marquées du stigmate de la candi dature officielle. En reculant devant l’application absolue de ce prin cipe si respectable, la Chambre a voulu donner aux partis réprouvés une preuve insigne de sa modération. Mais il n’en reste pas moins démontré que si elle avait voulu épuiser la plénitude de son droit, elle eut été couverte de l’approbation des électeurs. « La journée de dimanche n’a pas été bonne pour les conservateurs, » disent en soupirant les feuilles de la réaction. Et certes elles ont raison. La journée n’a pas été bonne, et il n’y aura plus désormais de bonnes journées pour les conservateurs. Le suffrage universel, libre, abandonné à lui-même, ne veut plus de monar chistes. Il n’y aura bientôt plus en France une cir conscription, si perdue qu’elle soit, où un réaction naire ait quelque chance de réussir, s’il n’a pour lui le secours des gendarmes. « Un mouvement irrésistible entraîne le pays vers la République. » C’est la Liberté, journal bonapar tiste, qui fait cet aveu. La Liberté dit vrai. La démo cratie républicaine, désormais triomphante, n’a donc plus qu’à user de sa victoire avec sagesse et prudence. Elle est le gouvernement* elle est la force. Que ses re présentants continuent de faire leur devoir et de tra vailler au bien du peuple sans trop s'inquiéter de l’op position de ses adversaires. Les uns ont déjà rendu les armes, et les autres bientôt ne compteront plus. Dans cette excellente journée de dimanche dernier, M. Gambetta s’est fait entendre à Belleville, où un grand banquet lui était offert par le comité électoral du 20* arrondissement. Le discours prononcé par M. Gambetta, est une re vue générale de la situation actuelle, des projets et du rôle de la Chambre et de la façon dont le Sénat la lais sera poursuivre ces projets et jouer ce rôle. Il a commencé par porter un toast à « la fermeté d’àme du parti républicain » fermeté qui a assuré « la victoire du suffrage universel. » Ce suffrage universel, M. Gambetta professe pour lui un véritable culte, et c’est pour cela qu’il veut que...