Extrait du journal

Faut-il le dire? nous sommes, en ce qui nous concerne, très médiocrement ému de ces mauvais procédés. Certains de nos compatriotes en profitent pour perdre la tête et pour s’écrier, les uns sur un ton de fanfare ou de clairon, les autres sur le ton d’un ophicléide larmoyant, que tout cela ne peut pas durer, que la guerre est en vue, qu’il sera impossible de l’éviter à bref délai. Certes, la situation est fàciieuse et des imprudences pourraient la rendre grave. Nous considérons, néanmoins, ces alarmes comme exagérées et prématurées. Rien n’annonce que la guerre soit proche : la France, qui est pacifique avec fermeté et non avec pusillanimité, supportera ces avanies en levant les épaules et n’entamera jamais la lutte. quant à croire que, de gaieté de cœur, l’Allemagne ira compromettre tous les résultats inespérés de 1870 et 1871, se résigner à la perte de 500,000 hommes et risquer le maintien de la couronne impériale en se lançant dans une guerre d’agression qui, en fin de compte, pourrait être malheureuse ou médiocrement heureuse, ce n’est pas une hypothèse impossible, mais elle est invraisemblable. Aussi, sans jamais éloigner de sa pensée qu’une grande guerre peut éclater, il est tout à fait exagéré de la considérer comme probable, je ne dis pas cette année seulement, mais l’an prochain ou l une des années suivantes....