Extrait du journal

Il est évident pour tous que, depuis quelques mois, le 'pouvoir exécutif tend de plus en plus à prendre le pas sur le pouvoir législatif. Autrement dit, la dicta ture d’un homme ou d’un groupe rem place chaque jour un peu plus, la volonté du parlement. Cette emprise de l’exécuqif se fait d’ailleurs avec l'assentiment d’une Chambre « démocratique ». On peut appeler cette dépossession progres sive du fascisme légal, lequel se trans forme le cas échéant en fascisme pur et simple. Cette opération se fera avec d’au tant plus de facilité que les travailleurs auront laissé s’accomplir la première phase sans protester. Il n’y a rien là d’exagéré. Depuis 1924. le Cartel a peu à peu abandonné toutes ses positions avec de moins en moins de résistance. Pliant devant la Finance, de vant les Colonialistes,, il en est arrivé à s’en remettre à d’autres de la charge de gouverner. Et quels sont les résultats ! En mai dernier, c’est le Comité des Experts qui, composé en majorité de ban quiers, impose ses conclusions. En juillet, nouvel abandon. Poincaré obtient les décrets-lois et les applique dans l’administration et la fiscalité. En février, il paie les Américains et Anglais. Il verse la somme prévue par les accords sans que ceux-ci aient été ra tifiés. En même temps, est voté le projet de loi organisant la nation en temps de guerre. Et là encore, tout est réglé par décrets. La mobilisation totale ou par tielle (cas de guerre ou cas de grève) est à la volonté du gouvernement. Ainsi, petit à petit, ce que les démo crates appellent, ironiquement sans doute, le peuple souverain, se trouve réduit à l’obéissance passive. Ce n’est pas une nouveauté pour les communistes qui sa vent depuis longtemps ce qui se cache derrière la << Démocratie ». Mais tous ces faits finiront bien par dessiller les yeux des travailleurs encore abusés sur la vraie valeur d’une démocratie capitaliste, s’il est permis de juxtaposer ces deux mots. C’est pour cela qu’il nous faut insister sur ces faits, en dénoncer les responsables, et donner les directives pratiques qui per mettront au prolétariat de résister, puis de vaincre. Il est parfaitement normal de voir les hommes de la réaction accepter et ap puyer une politique qui existait de fait et qui ne fait plus, maintenant, qu’être enté rinée légalement. Pourquoi s’élèveraientils contre cette tendance à la dictature puisqu’ils sont sûrs de l’exercer eux-mê mes directement ou par intermédiaire. Mais par contre, que penser du Cartel, défenseur patenté de la « République laï que, démocratique, sociale, etc. ». Que penser de ces cartellises qui ne jurent que par le suffrage universel, mais qui s’en servent pour livrer le peuple à la ré action capitaliste....