Extrait du journal

LE VERBE o Le R. P. Samson prêche cette année un Carême qui parait fort suivi et compris. Sous les voûtes de Notre-Dame de Paris où les récepteurs de radiotélé phonie viennent recueillir ses paroles pour les jeter jusqu’au désert, il exalte le Verbe. Le sien est puissant et persuasif. Il y a quelques jours, il parlait de la cha rité et il entendait la mesurer chez ses fidèles. U annonça une quête à la sortie et. à l’avance, à ceux qui attaient se dé pouiller. il cria sur le ton qu’on emploie au Français: «< Merci, merci, merci! » Il y eut beaucoup de quêteurs, trop même, et il faut bien croire que Dieu ne reconnut pas les siens puisque dimanche le Père Samson mit un brasard blanc aux envoyés officiels du paradis. Ainsi seront déconcertés les escrocs venus pour en tendre le prédicateur, convaincus par sa chaude parole et, partisans de la charité chrétienne, la sollicitant en leur propre faveur. Au fond, dans la société bourgeoise, il y a toujours quelque opération fructueuse à faire sous la protection sublime du ver be. Pendant que le camelot débite son intelligent boniment, à la foire. quelques larrons font les poches. Le R. P. Aristide Briand prêche éloquemment le Carême à Genève et vite Louchcur se place près de la porte pour quêter. Durant que l’un parle de paix, l'autre ramasse des fonds pour ses usines de guerre. Mais Briand a usé tous scs brassards en les mettant jadis aux cheminots. Ernest Montusès....