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L’Émancipateur, 24 septembre 1908

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L’Émancipateur
24 septembre 1908


Extrait du journal

Les critiques dirigées contre les socia listes par les réactionnaires et par les radicaux sont aussi nombreuses qu’irrai sonnées. On nous a traités de partageux, d’incendiaires, de sans-patrie et je ne connais guère d'épithètes venimeuses et ronflantes qui ne nous ait pas été appli quées. Depuis quelques temps, il est de mode dans les milieux antisocialistes de nous faire un nouveau reproche. Tous nos en nemis et tous nos adversaires semblent s'être entendus pour nous l’adresser. On nous dit sur tous les tons : « Vous pré chez, vous fomentez la lutte de clauses Vous dressez les prolétaires ccn-re les possédants. Vous organisez un anîagonis me criminel entre le capital e: le iravai. Nous, au contraire, nous voulons la paix. (| nous demandons l’union des classes pour le bien-être et la prospérité de tous ». Ce raisonnement est terriblement habile car s'il était exact — et naturellement les partisans du régime social actuel le sup posent vrai sans songer un instant à le discuter — il serait la condamnation de nos idées et de nos doctrines. L'argument de la lutte de classes est habile encore parce que. dans notre pays, on aime la paix, la tranquillité, qu’on répugne instinc tivement à tout ce qui est la guerre des uns contre les autres. On regarde avec raison la concorde et la fraternité comme les meilleurs bienfaits. Les affirmations de nos adversaires ap portées violemment ou sous la* forme insi nuante devant l'opinion n'y sont pas assez discutées. Passez-les au crible de l’exa men et vous verrez ce qu’il en restera. La lutte de classes? Les socialistes jamais n’en ont voulu. C’est le pire des malheurs et nos plus grands efforts ten dent à la supprimer. Nous cherchons tous les jours à la faire disparaître et nous croyons que, nous seuls, par l'application de nos doctrines nous pourrons arriver à la chasser du monde économique. Mais, malgré nous, contre nous, la lutte de classes existe par le fait même de l’or dre social actuel. Parce que quelque chose nous déplaît, ce n’est pas une raison suffi sante pour la nier. L’autruche en se ca chant la tête dans une touffe d’herbe au moment du danger ne supprime nullement le danger. En disant que la lutte de classes est un mythe, la ferions-nous évanouir? il ne faut pas prendre son désir pour la réalité. Le premier devoir que le socialisme a envers lui-même et envers les autres partis, c’est de dire la vérité. Nous nous piquons d’étudier scientifiquement les faits économiques qui nous environnent. Nous examinons le monde mouvant qui nous entoure. Partout, nous trouvons la lutte de classes. Elle est là. De tous côtés, latente ou aiguë, on la devine ou on la perçoit. Nous ne l’engendrons point. Tous les indi vidus consciemment ou inconsciemment en subissent les effets. C’est regrettable, c’est terrible, mais cela est. A quoi bon le nier? A quoi bon mentir •' A quoi bon es sayer de nous cacher à nous mêmes les malheurs qui nous sautent aux yeux? Regardez : lutte de classes, l’ouvrier qui n’a que ses bras pour vivre misérable ment et qui demande un salaire supérieur ou de meilleures conditions de labeur. Lutte de classes, le producteur et le consommateur qui se débattent contre les agioteurs et les accapareurs et qui ne veulent plus se laisser voler le plus clair de leurs bénéfices. Lutte de classes, le petit commerçant qui agonise sous le capital anonyme des grands magasins. A l’atelier, à l’usine, au champ, dans les bourgs comme dans les villages, s’est universellement engagée, sous toutes ses formes, la bataille entre les faibles et les forts, entre les possédants et les déshéri tés, entre les exploiteurs et les exploités. A qui la faute? Est-ce le socialisme, sont-ce les socialistes qui ont créé, qui ont organisé la vie économique dans la quelle étouffe le monde moderne? Non, n’est-ce pas, puisque nous voulons chan ger les bases de cette société anarchique. Nous ne saurions être responsables de la loi du moindre effort ; chacun sherche à avoir le plus possible avec le minimum de peine. Si quelqu’un doit supporter le poids effroyable de la responsabilité en ces matières, ce sont ceux qui veulent maintenir l’origine du mal, la société capi taliste. Eux seuls sont les coupables. t es uns très logiques, après leur erreur l et ligues, vous disent qu’il y aura toujours des riches et des pauvres, que les malheureux doivent souffrir en ce ntmde pour jouir dans l’autre de la béaA...

À propos

L'Émancipateur est un hebdomadaire socialiste publié à Bourges à partir de 1906. Il paraît clandestinement sous l'Occupation, puis disparaît en 1952.

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