Extrait du journal

réparation, frais de main-d’œuvre, tout était à la charge du métayer, et il donnait en plus 4.00 francs pour payer les impôts et son loyer. Ce domaine était en friche et ne pos sédait qu’un faible cheptel. Le métayer défricha cette terre, augmenta le cheptel avant de pouvoir récolter quelque chose. Le peu de produit que faisait la ferme, suf fisait au fermier pour payer la location à son propriétaire, vu le prix minime qu’il avait loué ce domaine (2.000 francs pour une superficie de 75 hectares). Mais si le fermier s’en tirait, le mé tayer par contre, s’endettait, vu les charges et les frais qu'il lui fallait faire *mur ame ner cette terre presque inculte à rendre de belles récoltes. Lorsque ce domaine fut en plein rap port, les conditions pour le métayer furent augmentées selon la production, sans que le propriétaire modifia les conditions de fermage de ce fermier général. U résulta de ceci, que le métayer ne profita pas du travail qui lui fallut faire, pour embellir cette propriété, et qu’au con traire le fermier général s'enrichissait au détriment de cette malheureuse famille, courbée tout le jour, sous le dur labeur que nécessite la culture. Cela dura pendant 15 ans; lorsqu’un jour le chef de cette famille tomba malade de fatigues et de privations, et mourut à l’âge de 42 ans, laissant une veuve et 0 enfants, le plus âgé ayant 17 ans. Le fermier ne manoua pas de jeter à la rue cette famille, pour la récompenser des gros bénéfices qu’il en avait tirés. Aujourd’hui cet homme est miilionnaire, car il ne se contentait pas d'exploi ter qu’un seul métayer, mais bien une dizaine dans les mêmes conditions. L’histoire de cette famille, camarades paysans, s’applique également à vous. Le mal qui vous ronge, est bien dans cette exploitation de l’homme par l’homme, vous êtes d’autant plus à la merci de ces hobereaux, qui sont plus malfaisants que les criminels qui sont au bagne, que vous n’êtes pas organisés. Pourquoi n’organisez-vous pas des syn dicats par commune ou par canton, cela vous permettrait de vous défendre, cela vous permettrait de supprimer ces inter médiaires qui sont la plaie de nos campa gnes, cela vous permettrait de vous en tendre et imposer vos conditions aux pro priétaires qui détiennent la terre. Allons, jeune paysan, tu es intelligent et instruit, c’est à toi que revient cette tâche ; au lieu de diriger tes pas vers la ville, reste à la campagne, fais de l’éducation, organise des syndicats, fait rendre gorge à tous ces parasites, qui ont exploité tes parents, et qui t’exploiteront à ton tour, si tu n’y prends garde. Lorsque tu seras émancipé tu verras comme tu aimeras cette terre, que tu délaisses maintenant, parce que tu la crois ingrate. Il t'es arrivé quelques fois, lorsque la faim t’as trop poussé, de brandir ta faux dans un moment de colère, cela ne t’as pas donné de résultats. Aujourd’hui, au lieu de brandir ta faux, syndiques-toi donc, viens donc au socia lisme, là est le remède, ainsi tu deviendras ton maître, un soleil nouveau se lèvera sur la plaine, qui mûrira des moissons que tu ne partageras pas, et qui seront ta propriété. A. VIRMOT....