Extrait du journal

Le parti socialiste a remporté hier une in contestable victoire, et même une double Vic toire. Il a en effet conquis par l'élection de son candidat M. Villedieu le siège législatif de C lcrmont-Ferrand et il l'a conquis sur un ra dical, sur le parti radical qui détenait ce siège depuis de longues années. Ce n est point certes que le socialisme ait fait dans cette circonscription de Clermont de grands progrès. Au premier tour de scrutin M. Villedieu n avait pas plus de voix qu'en 1932 et il n a dû son succès au second tour que pat le désistement en sa faveur du candidat commu niste et p>ar l appoint d'un certain nombre de voix radicales. Pourquoi tant d’électeurs radicaux ont-ils apporté leurs suffrages au socialiste ? C’est là évidemment le point intéressant de l’histoire. Essayons de l’éclaircir. Notons tout d’abord que plusieurs personna lités radicales sont allées à Clermont non point pour soutenir le candidat du parti mais pour convier les électeurs radicaux à donner leurs voix au socialiste. D autres les y invitaient de différentes manières, d'aucuns enfin par des articles de journaux, n’hésitant pas à proclamer que si le candidat de leur parti était élu, ils quitteraient le parti ou le groupe parlementaire. Tout s est passé en somme comme si certains membres du parti ne connaissaient plus qu’un mot d ordre donné presque quotidiennement du haut de sa chaire par celui qu'à Narbonne on appelle le « pape » du socialisme, M. Léon Hum, qui est aussi devenu, pour quelques-uns, un Véritable directeur de conscience. La chose peut, à certains, paraître plaisante. \ous, radicaux, nous la considérons comme in finiment triste, nous dirons même douloureuse. Car une telle politique, une telle tactique con duit tout simplement les radicaux à renoncer à faire triompher leur doctrine pour se contenter désormais de préparer le lit des socialistes. Nous voulons tout de même per^rr que ce n est là que folie passagère. Car enfin si ceux des radicaux qui sont raisonnables veulent bien considérer ce qui s’est passé à Clermont, ils doivent tout de même se dire qu’il eût suffi au candidat radical du moindre soutien pour dé placer la centaine de voix qui eût assuré sa victoire....