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L’Ère nouvelle, 12 avril 1924

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L’Ère nouvelle
12 avril 1924


Extrait du journal

Çdiioriai Le Bloc National, comme la jeune cap tive d André Chénier, ne veut pas mourir encore ! 11 vote, il vote des projets de loi. sans les entendre, sans les comprendre, avec i une frénésie qui indique une conscience trou blée Les assurances sociales, la législature de six ans, les pensions, tout cela défile à la manière des épisodes d un mélodrame du Châ telet. On se demande si, un beau matin, ces moribonds ne vont pas s’attaquer à la révision de la Constitution. Nul n'en éprouverait de surprise ni d’effroi. Il est convenu que les ultimes gestes du Bloc National n’ont aucune espèce d importance, La seule chose que le pays doit en retenir, c’est l'aveu terrible d’impuissance que contient cei affolement. Ces gens qui, pendant quatre ans, n’ont rien su, rien voulu, et pour qui tout était au mieux dans le meilleur des mondes, s’aperçoivent de leur incapacité à la veille de disparaître e' tâchent de prendre figure de législateurs. Leur activité fiévreuse trahit un remords mais le mal est déjà irréparable. Ce n’est par en bâclant quelques lois in extremis qu’on fere oublier au peuple français quarante-huit mois de carence parlementaire. Les députés de la majorité comprennent qu'il ne suffit plus de dire aux électeurs : « J’ai applaudi régulièrement, trois fois par mois, le» gouvernement qui avait occupé la Ruhr. » Un» succession de votes de confiance ne constitue pas un travail législatif. Ces messieurs ont transformé leur droit de contrôle... en un sim pie permis d’approuver ! Us avaient été envoyés au Palais-Bourbon comme délégués du peuple souverain et ils ont délégué cette souveraineté qui ne leur appartenait pas à un ministère qu’ils ont renversé huit jours après. Serviteurs des intérêts privés, ils n ont été que spectateurs quand il s'agissait de l'intérêt général. La Chambre « bleue horizon » disparaît sans grandeur, et s’il est vrai, comme le veut un poète « qu'on emporte avec soi que ce qu’on a donné », la Chambre s’en va n'ayant dans «on bagage que l’infime lest d’une feuille de contributions, et d’un franc-papier qui vaut...

À propos

L’Ère nouvelle a été fondée en décembre 1919 par deux socialistes déterminés, blessés de guerre : Yvon Delbos (1885-1956) et Gaston Vidal (1888-1949). Elle se définit en se sous-titrant « L’Organe de l’entente des gauches », et restera tout au long de son existence proche du parti radical. Malgré son faible tirage, le journal exerçait une influence importante dans le monde parlementaire.

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